jeudi 18 novembre 2021

SOYONS SPORTS

 

Bas-relief multi sports, Institut d’éducation physique de l’Université de Paris, 1 rue Lacretelle, Paris XVe ardt, 1937.On peut retrouver présents dans ce billet : la Boxe, le Rugby, le Tennis, et aussi en plus, le football, l'escrime. Les cordes à sauter et l'extenseur de musculation peuvent servir à l'entrainement de plusieurs disciplines.

 

Au début du XXe siècle le Sport et ses multiples disciplines se démocratisent petit à petit, pour devenir dans les années 30 une valeur collective, portée avec succès par le Front Populaire. On y voit le triomphe de l'effort et de l'adresse, une hygiène naturelle, une source de joie de vivre et un moyen d'entretenir des rapports harmonieux avec ses semblables. C'est aussi «  l'esprit sain dans un corps sain » de l'antiquité retrouvé . Aussi il n'est pas surprenant que LES sports deviennent un sujet courant de décoration, de programme social et de but à poursuivre, comme thèmes des bas reliefs commandés par une commune, ou pour un groupe d'Habitations Bon Marché, les premiers HLM .

Où nous retrouvons ces bas-reliefs parisiens ou banlieusards, se voulant populaires, dynamiques, audacieux, porteurs d'une foi en la vie qui passe par le corps et le plaisir de sentir son existence en mouvement, établissant presque un nouveau culte.

Les textes qui accompagnent ces bas-reliefs sont un peu plus anciens, 1905 et 1910. Ils définissent chaque sport et nous apprennent par exemple que le Football pouvait être dénommé «  l'Association » et le Rugby «  Le Football-Rugby ». L'on y trouve aussi la recette pour se fabriquer un cours de Tennis en terre battue.


(Les photos anciennes noir et blanc sont extraites de " Les sports modernes illustrés  " dont le lien vers chaque sport présenté est à la fin du texte. Les quelques dessins sont eux tirés de " Le Livre des sports athlétiques et des jeux de plein air " ayant aussi quelques liens en fin de certains des textes).



 

 

 

Square Kellermann, XIIIe ardt. Bas-relief Jeu de boules par Elie Ottavy (1887-1951), 1937.

 

LE JEU DE BOULES



L' antique  jeu de boules, qui prit naissance, dit-on, dans les camps fortifiés des soldats romains au temps de la conquête de la Gaule, groupe aujourd'hui de nombreux fervents sur les bords du Rhône, dans le midi et le nord de la France, et les bords de la Seine commencent à ne point être indifférents à cette récréation de nos pères.

Il y a deux jeux de boules bien distincts : le jeu de berge et le jeu lyonnais.

Dans le jeu de berge, la boule doit rouler soit tout droit, soit lancée sur les côtés du jeu, la berge, pour atteindre le but. Il n'y a là dedans ni violence, ni effort, et tout le monde a vu de paisibles bourgeois se livrer à cet exercice sous les maigres tonnelles des guinguettes banlieusardes, le long des fortifications parisiennes, aux portes de Neuilly et de Saint-Mandé.

Le jeu lyonnais est beaucoup plus athlétique, beaucoup plus « sport », c'est véritablement un exercice physique fortifiant et sain. Dans cette étude, nous ne traiterons, en conséquence, que du jeu lyonnais, le seul qui soit réglementé régulièrement et qui offre un intérêt général.


Le jeu de boules à Paris. - En 1902, une vingtaine de Lyonnais, habitant Paris, eurent l'idée de demander à la municipalité un emplacement dans le bois de Vincennes, pour pratiquer leur sport favori. La société qu'ils fondèrent, et qui existe encore sous le nom de Société de jeux de boules du XIIe Arrondissement, comptait alors une vingtaine de membres ; elle en a maintenant plus de cent vingt. De nombreux groupements ont suivi cet exemple, et d'autres boulodromes- se sont fondés à Charonne, à Clichy, rue des Pyrénées, rue de la Clef -etc- Partout se forment d'excellents joueurs.


Le jeu dans la région du Rhône. Les règles du jeu de boules, telles qu'elles ont été codifiées par le journal le Progrès de Lyon, sont appliquées dans quatorze départements de la région.

Sur la place Bellecour, à Lyon, s'organisent les championnats annuels de France.

On estime à quatre cent cinquante mille le nombre minimum des adeptes du jeu de boules dans les quatorze départements de la région lyonnaise et des pays limitrophes. y a-t-il beaucoup de sports en France qui réunissent autant de fervents ?

De mai à fin août et par le beau temps, on peut évaluer à 80 000 le nombre de ceux q qui à Lyon jouent aux boules,
A Lyon, du reste, il y a 1. 800 jeux de boules, installés la plupart du temps ans les jardins des cafés des environs de Lyon, et l'on compte au moins 3000 sociétés de jeu dans-la région (1).








Caractéristique du jeu. - Dans le jeu lyonnais, il existe trois manières de lancer la boule :
1° La portée, qui consiste à rouler la boule directement vers le but, « le petit », dont elle doit approcher le plus possible;

2° Le pointage, qui consiste à lancer la boule pour en déplacer une ou plusieurs autres, déjà près du but. Dans ce pointage la boule doit toucher le sol, contrairement au troisième procédé :

3° Le tir, dans lequel la boule doit être lancée directement sur une autre pour l'éloigner du but.

Et de ces trois façons de projeter la boule dérive tout le jeu.

Les jeux se forment par groupes de quatre joueurs ou « quadrettes », et c'est merveille que de voir ces équipes, composées de jeunes athlètes vigoureux et musclés, pointant, portant ou tirant la boule avec un entrain endiablé.

Quand deux boules de camps adverses semblent également proches du but, elles nécessitent pour les coter un repérage: la pige. L'arbitre alors s'arme d'une mesure pour constater exactement les écarts et marquer les points.


(1) Ces renseignements ont été fournis par notre aimable correspondant M. LouisWeigel, chroniqueur de ce sport au journal Progrès

(...)

Les joueurs. — Le jeu de boules est un exercice à la fois simple et amusant qui développe les qualités physiques, le coup d'œil, la souplesse, l'équilibre des muscles tendus pour une besogne précise en même temps que le cerveau réfléchit et combine. Rien n'est plus salutaire. Le costume des joueurs de boules n'a rien de spécial. Il suffit d'être à son aise.

Mais pour être séduit véritablement par l'intérêt et la beauté du jeu de boules correctement pratiqué, il faut aller l'apprécier en le regardant.

Et à ce spectacle on se convaincra rapidement qu'il est de beaux jeux athlétiques en France sans qu'ils aient auparavant passé ou repassé la Manche. Prenons à l'étranger ce qui est bon et profitable, mais pour cela ne laissons jamais tomber notre patrimoine sportif, représenté par les exercices sains et utiles que nous ont légués nos pères.

PAUL CHAMP.

Les sports modernes illustrés : encyclopédie sportive illustrée (813 gravures) / publiée sous la direction de MM. P. Moreau et G. Voulquin,... ; introduction de M. Abel Ballif, 1905-1906, Moreau, P.. Éditeur scientifique.

 

 


 

" Le boxeur tombé ", bronze de Paul Landowski, 1921, Musée Paul Landowski, Boulogne Billancourt, Hauts-de-Seine.

 


LA BOXE



Les premiers, les Grecs firent de l'art de se battre à coups de poing un exercice réglementé qu'ils nommaient pugilat. Plus tard, ils acclimatèrent un dérivé du pugilat, mélange de lutte et de boxe dénommé le pancrace.


La boxe anglaise. — Les Anglais ont continué la tradition antique. Vers le XIVe siècle, ils introduisirent dans leur pays le pugilat grec, qui prit le nom de boxe anglaise. Depuis cette époque, elle n'a fait que se développer au point de constituer pour eux un sport national.
Elle se pratique de deux façons différentes : la première, le sparring-boxing ou assaut, est un combat relativement courtois où les poings des adversaires sont recouverts de gants de peau rembourrés de crin.
La seconde est le combat à poings nus ou les mains recouvertes de gants très légers à peine rembourrés. Ces combats font l'objet de matches sensationnels et de paris énormes. Même dans les plus fameux par la qualité des adversaires en présence, il est rare qu'un des boxeurs succombe. Ces rencontres sanglantes sont d'ailleurs, à notre époque, interdites dans presque tous les pays se font de plus en plus rares.
La boxe anglaise est peu acclimatée en France, où l'on goûte médiocrement un exercice tout de force et de brutalité dans la pratique et qui nécessite une endurance particulière.
Elle est d'ailleurs toute de convention, ne comprenant exclusivement que le jeu des poings. Les prises de corps et de tête sont interdites, de même que les coups de lutte. Il en est ainsi, du moins, dans les assauts ou matches qui ont été codifiés et réglementés par le marquis de Queensberry (Queensberry Rules), car il existe une autre règle de combat où les prises de corps sont admises mais elle est peu usitée.

(...)










L'entraînement. — Pour se présenter en bonne forme dans un assaut de boxe anglaise, il est indispensable de s'imposer un entraînement sévère qui varie suivant l'âge du boxeur et les conditions dans lesquelles il se trouve à ce moment.
Afin de conserver un moral excellent, il ne doit pas changer brusquement ses habitudes, mais les modifier progressivement. Le boxeur doit chercher à atteindre son minimum de poids tout en obtenant son maximum de vigueur musculaire. Il devra se lever et se coucher tôt et s'astreindre à un régime de nourriture, les repas se composant de viandes grillées, de légumes verts et très peu de liquide, un demi-verre de vin coupé d'eau, ou de bière ou de thé léger. Ne pas fumer ni boire d'alcool. S'il a un peu de graisse, il devra faire journellement de la marche rapide, 2 à 3 kilomètres environ, couvert de vêtements chauds, de façon à obtenir une sudation abondante. Il se livrera à des exercices de massues légères, afin de développer la souplesse des épaules et des bras, sauter à la corde pour se faire les jambes. Ayant ainsi préparé son corps, il se mettra à boxer et s'habituera avec le sac, le ballon et des adversaires à frapper très fort et à supporter les coups les plus durs sans être démonté.

Pour le professionnel, l'entraînement est encore plus rigoureux et dure plusieurs mois. Il est généralement entre les mains d'un manager qui s'occupe de lui comme un entraîneur de son cheval. Ce manager traite les engagements, dirige l'entraînement et veille à ce que son homme, qu'il ne quitte jamais, se trouve dans toute sa forme le jour du combat. Il est vrai qu'en Angleterre, et surtout en Amérique, il y a quelquefois une fortune à gagner pour le vainqueur d'un match sensationnel, et le vaincu lui-même se retire avec un important bénéfice.

Parmi les vainqueurs de ces fameux matches, citons ceux dont on a le plus parlé :
John Sullivan, Jim Corbett, Bob Fitzsimmons et Jeffries, le détenteur actuel du titre de « champion du monde ».





 " La Boxe " bas-relief de Louis Sajous, Beffroi de Montrouge, Hauts-de-Seine, 1933.






Costume. — Le costume le plus commode et le plus confortable est celui-ci :

Culotte de flanelle ou de laine, maillot de laine. La flanelle ou la laine est indispensable, car elle absorbe la transpiration et ne refroidit pas. La culotte doit être ample à la cuisse et serrée aux mollets et à la cheville.
Une ceinture en tissu caoutchouté, de 4 centimètres environ de largeur, a pour but de compléter le costume et de tenir la culotte en s'ajustant à des agrafes adaptées à celle-ci. Toutes les ceintures larges ou raides nuisent à la souplesse des mouvements et ne doivent pas être utilisées; elles peuvent déterminer de graves accidents herniaires, surtout chez les enfants.
Les bottines doivent être en peau souple et lacées ; les semelles légères, plates et non cambrées, en cuir de buffle souple. Cette chaussure est la seule qui soit pratique, car elle soutient bien la cheville ; le pied est bien maintenu et à plat, il ne peut glisser, et la bottine ne peut s'échapper comme il arrive parfois avec des bottines sans tige. Les gants utilisés en boxe française doivent être en peau d'agneau lisse et à manchettes. Ils sont rembourrés de crin de première qualité. Grâce à leur épais capitonnage, les coups ne sont pas à craindre.

Nous préconisons l'emploi des gants sans pouce, car nous avons remarqué qu'avec ceux à pouce, très souvent en portant des coups, surtout au corps, le pouce avait été retourné et foulé.

On peut aussi porter des jambières, mais nous n'en sommes pas très partisan, car les élèves, se sachant les jambes garanties, ne se méfient pas assez des coups bas. 

 


 




LES SOCIÉTÉS DE BOXE

Le goût de la boxe s'est beaucoup répandu depuis quinze ans; beaucoup de salles de boxe se sont fondées et ont de nombreux élèves.
Il existe un certain nombre de sociétés de boxe, sociétés d'encouragement ayant pour but de développer le goût de la boxe.
Elles ont réussi à amener de nombreux adeptes en organisant chaque année des assauts intimes et publics par invitations.

Ce sont :
La Boxe française, — le Boxing-Club de France, — la Société d'encouragement à la boxe, — la Boxe française du Raincy, - la Boxe française de Marseille, — la Boxe française de Roubaix, - la Boxe, - les Boxeurs parisiens, — les Boxeurs français.
Ces diverses sociétés se sont groupées, les six premières pour fonder l'Union des sociétés françaises de boxe, et les trois autres, auxquelles se sont joints quelques petits groupes d'amateurs, ont fondé la Fédération française des sociétés de boxe. 

CHARLEMONT.

Les sports modernes illustrés : encyclopédie sportive illustrée (813 gravures) / publiée sous la direction de MM. P. Moreau et G. Voulquin,... ; introduction de M. Abel Ballif, 1905-1906, Moreau, P.. Éditeur scientifique

 

 

 

 

 






LES COURSES A PIED



La marche et la course à pied sont de tous les exercices physiques les plus complets et les plus utiles à l'homme, car, entre tous, ils mettent à l'œuvre l'entier appareil de la musculature et des organes respiratoires. Tout individu normalement constitué peut être utilement exercé à la marche et à la course à pied, à la condition, toutefois, de pratiquer ces exerces à dose raisonnée et suivant une progression soigneusement établie. Les bienfaisants résultats de la pratique de ces sports ne se feront pas longtemps attendre : tandis que les muscles des Jambes, des bras et de la poitrine se développeront de la façon la plus avantageuse et pour la santé de l'athlète et pour l'harmonie de sa structure, ses poumons acquerront une grande capacité respiratoire.

La course à pied qui va surtout nous occuper ne doit pourtant être pratiquée, en tant que sport, qu'à partir d'un certain âge : de dix-sept à dix-huit ans, suivant les tempéraments. Plus tôt serait un danger; l'organisme frêle de l'enfant ne saurait impunément résister aux fatigues qu'un adulte sain supporte facilement.

Avant d'étudier de plus près le sport pédestre, il est nécessaire de donner quelques détails sur ce que doit être celui qui désire s adonner à ce sport.

Hygiène. — Tout individu sain qui désire pratiquer avec succès la course à pied doit faire en sorte de vivre dans des conditions hygiéniques telles que ses facultés physiques ne soient jamais troublées et atteignent ainsi leur complet épanouissement.

La première règle à observer pour obtenir ce résultat est une grande régularité dans toutes les fonctions de l'organisme : travaux, exercices, repas, sommeil, etc. Il est encore indispensable à la conservation de la santé de tenir son corps dans un constant état de propreté. Les ablutions froides tous les matins, tout en donnant au corps la netteté désirable, auront sur le système nerveux et musculaire la meilleure influence. Enfin il faut éviter tout excès, de quelque nature que ce soit.

Tels sont -les principes élémentaires de l'hygiène ; toute personne qui suivrait régulièrement ces règles serait en bonne condition, c'est-à-dire en bonne santé, et, après un peu d'entraînement, en état d'accomplir un exploit de force et d'activité.

Le vêtement. — Avant toute chose, le coureur à pied doit faire choix d'un costume qui se compose d'un maillot, d'une culotte, d'une paire de souliers à pointes, d'un épais maillot de laine ou d'un peignoir dit « sortie de bain » et d'une paire de bouchons ou poignées en liège.






 " La Course à pied " bas-relief de Louis Sajous, Beffroi de Montrouge, Hauts-de-Seine, 1933.






Le maillot sera choisi collant au torse et largement échancré à l'attache de l'épaule, qui ne doit pas être couverte. La couleur est naturelle ment au choix du coureur, mais nous ne saurions, à ce sujet, trop recommander les teintes unies, infiniment plus agréables à l'œil que les bariolages disparates que promènent de trop nombreux athlètes.

La culotte doit être flottante sans exagération et ne doit jamais gêner aucun mouvement du coureur. Elle doit se fixer d'elle-même à la ceinture par le moyen d'un ruban élastique et s'arrêter assez haut au-dessus du genou. La culotte recouvrira la partie inférieure du maillot et sera blanche ou noire, mais jamais d'une couleur quelconque, auquel cas elle constitue un vêtement affreux et parfaitement ridicule.

Les souliers sont la partie du vêtement du coureur la plus difficile à choisir : il faut les prendre d'un cuir très souple, assez gras et extrêmement justes ; le soulier qui ne gêne pas le.pied du coureur au moment où il l'achète sera, après quelques jours, complètement déformé et hors d'usage. Une bonne paire de souliers de course ne doit pas pouvoir être employée utilement avant d'avoir été portée une dizaine de jours pendant lesquels le coureur les forcera en faisant, chaussé d'eux, tout l'exercice qu'ils lui permettront.












On ne trouvera pas l'économie en prenant des souliers de course bon marché; il faut mettre de 15 à 20 francs pour avoir des souliers qui puis-sent fournir un service durable.

Sous chaque semelle, les pointes, au nombre de cinq, varieront en longueur d'après la nature du sol où l'on pratique la course à pied; elles seront plus longues sur un sol mou que sur un sol dur. En général, les coureurs de vitesse se servent de pointes plus longues que les coureurs de fond; les coureurs de haies portent deux pointes en plus à chaque talon.
Il faut avoir grand soin de ses souliers, les essuyer chaque fois que l'on s'en est servi, surtout lorsque le sol était mouillé, et les enduire dans ce dernier cas d'une légère couche de graisse..

Il faut encore faire l'acquisition d'un épais maillot de laine ou d'un long peignoir coupé dans une étoffe épaisse. L'emploi de ces deux vêtements, et du dernier surtout, est recommandable au coureur désireux d'éviter les refroidissements qui peuvent résulter d'un repos dans un endroit frais après un effort prolongé.

Les bouchons ou poignées en liège servent utilement au coureur, qui est heureux de les étreindre au moment de l'effort. 

FRANTZ REICHEL.

Les sports modernes illustrés : encyclopédie sportive illustrée (813 gravures) / publiée sous la direction de MM. P. Moreau et G. Voulquin,... ; introduction de M. Abel Ballif, 1905-1906, Moreau, P.. Éditeur scientifique.


















LE FOOTBALL


Le football est déjà tout proche de devenir le jeu national français comme il est déjà le sport principal de l'Angleterre. Le nombre des équipes de football croît chez nous chaque année d'une façon extraordinaire, et il n'y aura bientôt plus de la Manche à la Méditerranée, et de l'Atlantique aux Alpes, un seul village où les jeunes gens ne s'exercent à taper ans un ballon de cuir rond ou ovale.

Le football nous est venu d'Angleterre, mais ce ne fut en somme qu'une restitution, puisqu'on prétend qu'il fut apporté dans les îles Britanniques avec la conquête des Normands, lesquels Normands le tenaient de leurs voisins de Bretagne. Le football breton s'appelait " soûle " et était représenté par un jeu assez brutal et sans règles définies, qui consistait à jeter un lourd ballon de cuir devant les jeunes gens rassemblés à la limite de leurs communes. Le camp qui parvenait à apporter le ballon dans la commune rivale avait gagné. Au XVe siècle, en Italie, sous le nom de « calcio », nous trouvons également un jeu de ballon qui se rapproche du football, et que de nombreuses estampes du temps nous représentent encore. Telles sont les origines du football esquissées à grands traits.

Il y a près d'un siècle que le football est réglementé suivant un code sévère et obéit à des lois définies sur le sol de la vieille Angleterre.

En France, timidement, il fit ses débuts vers 1885 et il ne connut guère de parties régulières avant 1890. Certains établissements d'éducation, à cette époque, le firent pratiquer par leurs élèves, puis se fondèrent le « Racing-Club de France » d'abord et le « Stade français » ensuite, qui disputèrent les premiers matches réguliers et furent en quelque sorte les modèles de ceux qui pratiquèrent le jeu par la suite.

Mais avant d'aller plus loin, il faut dire qu'il existe deux sortes de football, le premier qui s'appelle le rugby, et qui se joue avec un ballon ovale, le second qui se nomme l'association, pratiqué avec un ballon rond. Ce sont deux figures de jeu absolument différentes et qui réunissent des adeptes également différents.

Dans le rugby on porte le ballon avec les mains pour le poser derrière la ligne du but opposé.

Dans l'association on le conduit seulement avec les pieds, et ce sont en somme deux sports particuliers presque complètement étrangers l'un à l'autre. Nous parlerons donc de chacun d'eux en un chapitre différent.






 " Le Rugby " bas-relief de Louis Sajous, Beffroi de Montrouge, Hauts-de-Seine, 1933.





LE FOOTBALL RUGBY



Une équipe de football rugby comprend quinze joueurs qui se décomposent ainsi : huit avants, deux demis, quatre trois-quarts et un arrière.

Comme nous le disions plus haut, le but du jeu est de porter un ballon ovale derrière la ligne du but opposé au sien et de lui faire toucher terre, ce qui compte trois points. Ensuite on a le droit d'essayer de faire passer le ballon d'un coup de pied entre les poteaux du but conquis, ce qui donne deux points de plus. Au cours de la partie on envoie également des coups de pied dans le ballon, destinés à le faire passer entre ces mêmes buts et qui, suivant leur nature, assurent différents avantages. Nous les passerons en revue plus loin.

EDOUARD PONTIE.

Les sports modernes illustrés : encyclopédie sportive illustrée (813 gravures) / publiée sous la direction de MM. P. Moreau et G. Voulquin,... ; introduction de M. Abel Ballif, 1905-1906, Moreau, P.. Éditeur scientifique


 

 

LE FOOTBALL RUGBY

Il y a un abîme entre le rugby et l' association. Vouloir décrire l'historique du football rugby, c'est décrire toute entière l' évolution du sport de la balle, depuis les temps reculés où les Romains l'importèrent, presque simultanément, en Grande-Bretagne et en France, jusques et y compris la grande scission de la « Football association » en 1865 .

C'est qu' à l'origine, le jeu de ballon, tel qu'il était pratiqué par les rudes gars des Cornouailles ou des Galles, était un véritable combat d'enragés. On le jouait de village à village, des maisons éloignées de plusieurs milles servant de buts ennemis, où la balle devait être portée par l' équipe victorieuse. Nulle autre restriction, nulle autre tactique ; tout était permis. C'étaient de véritables batailles rangées, où les membres cassés ne se comptaient plus, où l'on voyait les équipiers s'assommer mutuellement pour s'emparer du ballon, se livrer à de véritables chasses à l' homme par monts et par vaux, sauter les murs, renverser les haies, employer des ruses d'apaches ou des brutalités de nègres pour arriver au but.

Après cette préhistoire de football, encore bien proche de nous pourtant, on vit le jeu de ballon pénétrer dans les grandes écoles anglaises comme délassement, et par suite, se policer un peu ; chaque école ou à peu près avait codifié à sa façon la distraction favorite en bannissant les coups trop dangereux et les corps à corps trop sauvages ; il y avait le mode de Cambridge, celui de Westminster (Londres), celui d'Eton, etc.









Plus tard, le succès du football s'affirmant considérable, on songea à créer une réglementation unique pour toute l' Angleterre . Mais alors les difficultés commencèrent.

Chacun voulut imposer son code particulier ; deux écoles notamment étaient très opposées, celle de Rugby , qui tenait à conserver au jeu son allure indépendante primitive, en lui gardant fidèlement son caractère de lutte énergique, et celle de Cambridge, où l'on repoussait tout mode de jouer autre que le pied .

L'on n' arriva pas à s'entendre, et de là sont nées les deux grandes méthodes actuelles de football, le rugby et l'association. Pour les véritables amateurs de balle, il n'est pas d'autre mode que le mode de rugby où l'homme donne tous ses moyens pour arriver au but, où il y a une véritable défense physique, un corps à corps désespéré, et peut-être n'ont-ils pas tous les torts, ceux qui appellent un peu dédaigneusement l'association le « jeu des manchots ».

On a reproché, et l'on reproche encore au football rugby sa brutalité ; ce reproche est apparemment justifié : il arrive fréquemment des accidents. Il ne faut pas, toutefois, s' en exagérer l'importance, car depuis qu'on a institué le tenu et supprimé les arrêts par les coups de pied sur le tibia, l' on ne peut plus dire que le rugby soit un jeu véritablement brutal il est violent, et c' est ce qui en fait le charme. Quant aux accidents, ils sont beaucoup plus rares en réalité que les accidents de bicyclette par exemple, mais à l'instar de ce qui se passe pour l'automobile, on leur fait souvent une publicité trop spéciale .


  Le Livre des sports athlétiques et des jeux de plein air, rédigé par un groupe de spécialistes sous la direction de M. Henry Claremont. Cricket, football Association, football Rugby, golf, hockey, tennis, boxe, escrime, lutte, aviron... Éditeur : P. Roger (Paris) 1910










Bas-relief lanceur de disque et lanceur de javelot (?), Institut d’éducation physique de l’Université de Paris, 1 rue Lacretelle, Paris XVe ardt, 1937.






LE LANCEMENT DU DISQUE


Cet exercice consiste à lancer aussi loin que possible un disque en bois, cerclé de fer, du poids de 1 kil. 972 gr., en s'aidant d'un élan pris dans un carré de 2m,50 de coté et surélevé de 10 centimètres.

Le vêtement. — Le vêtement du lanceur de disque comporte un maillot, une culotte courte, une paire de bas attachés au-dessous du genou et une paire de souliers légers dont les semelles sont munies de barrettes en cuir pour empêcher l'athlète de glisser au moment où il prend son élan.

L'entraînement. — La pratique du lancement du disque demande aux adeptes de ce sport une certaine force musculaire et, surtout, une grande souplesse des reins. L'athlète dont la longueur des bras sera en proportion d'une haute taille est naturellement doué pour arriver à un bon résultat. Toutefois l'entraînement est absolument nécessaire à celui qui veut réussir, car le bon résultat d'un jet dépend beaucoup plus de la façon dont on a su prendre son élan que de la force dépensée.



 " Le Lanceur de disque " bas-relief de Louis Sajous, Beffroi de Montrouge, Hauts-de-Seine, 1933.



  Il est deux façons de prendre son élan. La première consiste à se placer contre un côté du carré et parallèlement à celui-ci, les deux pieds séparés d'environ 40 centimètres, le poids du corps reposant aux trois quarts sur la jambe droite. Il faut alors bien assurer le disque dans la main droite, en écartant les doigts de façon à avoir la plus grande et la meilleure prise possible, et imprimer au bras droit un balancement de haut en bas ou un mouvement horizontal qui donnera un certain élan : le bras gauche suivra le mouvement, et la main gauche, posée sur le disque, ne servira qu'à le maintenir dans la main droite. Quand ce balancement aura imprimé au bras droit un élan suffisant, il faudra s'enlever sur la jambe gauche pour se recevoir au milieu du carré et continuer en pivotant sur la jambe gauche pour laisser aller le bras droit de tout l'élan acquis dans un plan qui fera décrire au disque une trajectoire suffisamment tendue afin que la hauteur du jet ne soit pas au détriment de sa longueur.

  La seconde manière de prendre son élan, que l'expérience a démontrée plus profitable, consiste, après s'être placé au départ comme il vient d'être décrit, à exécuter dans le carré une volte complète, le bras droit tendu, et à laisser aller le disque au moment où l'on arrive sur le côté du carré d'où est mesurée la longueur du jet.

FRANTZ REICHEL .

Les sports modernes illustrés : encyclopédie sportive illustrée (813 gravures) / publiée sous la direction de MM. P. Moreau et G. Voulquin,... ; introduction de M. Abel Ballif, 1905-1906, Moreau, P.. Éditeur scientifique












  " Golfeuse ", bas-relief 2 Villa Poirier, Paris XVe ardt, par Georges Petit (1879-1958), vers 1934.



LE GOLF


Le golf est un des jeux les plus agréables et les plus hygiéniques ; il exige le concours de tous les muscles, mais sans provoquer les efforts brusques et déréglés qu'entraînent d' autres jeux de plein air ; aussi convient-il à tout le monde et particulièrement aux jeunes gens dont la constitution physique ne s'accommoderait pas, par exemple, des violents efforts musculaires qu'exige le jeu de football. Ce qui rend principalement le jeu de golf si attrayant, c'est qu'il constitue un exercice aussi bien pour l'esprit que pour le corps. Le jugement qu'il faut apporter dans la manière de frapper la balle, dans le choix de la crosse ou club, dans l'utilisation du terrain,  fournit à l'esprit autant d'activité, que l'exécution des coups et les marches et mouvements qu'ils exigent, en fournissent au corps.


Le Livre des sports athlétiques et des jeux de plein air, rédigé par un groupe de spécialistes sous la direction de M.Henry Claremont. Cricket, football Association, football Rugby, golf,hockey, tennis, boxe, escrime, lutte, aviron... Editeur :P.Roger (Paris) 1910








LE GOLF



Le golf, qui, depuis sa récente apparition en France, a pris une grande extension, est un sport d'origine écossaise. Il offre le précieux avantage de pouvoir être également pratiqué par les personnes de l'un ou de l'autre sexe. L'exercice qu'il procure est un des plus complets et des plus hygiéniques que l'on puisse recommander.

Vêtements et accessoires. — Le costume du joueur de golf est ordinairement composé d'une culotte de cycliste, d'une chemise de flanelle, d'un veston assez ample pour ne gêner aucun des mouvements du torse et des bras, de bas de laine et de souliers découverts ou montants, suivant l'état de sécheresse ou de l'humidité du terrain.
La joueuse de golf emploiera le costume qu'elle jugera le plus favorable à la pratique de son sport de prédilection.
Les joueurs et les joueuses doivent être munis d'un certain nombre d'instruments appelés crosses.
La crosse est une sorte de canne terminée par une spatule en bois ou en acier. C'est au moyen de la crosse que l'on frappe la balle.
Il y a plusieurs modèles de crosses, chaque modèle étant établi pour frapper avec plus d'efficacité la balle dans les diverses positions où elle peut tomber, étant donnés les accidents du terrain. Nous reproduisons ci-contre les principaux modèles de crosses qui portent les noms de : niblick, iron, cleek, putter (spatules en acier) ; driver, brassie (spatules en bois).
Cet attirail est complété par une petite balle en gutta-percha.








Chaque joueur est accompagné d'un cadet. Le cadet n'est ordinairement autre qu'un gamin qui est chargé de porter les crosses de son maître, pour lui donner celle qui lui convient ; son rôle consiste encore à suivre de l'œil la trajectoire de la balle Pour la retrouver et éviter au joueur la faute d'une balle perdue ; enfin, seul, il a le droit de conseiller son maître et de se placer de façon à lui indiquer comment il doit diriger ses coups.

Le terrain. — La pratique du golf exige un terrain d'une grande étendue; il faut, au minimum, une dizaine d'hectares. Le terrain de golf se nomme links.
Sur le links un certain nombre de trous sont creusés à des distances irrégulières. Ces trous, au nombre de 9 ou de 18, sont disposés suivant la configuration du sol. Si le links est très vaste, les trous peuvent être disposés circulairement, mais cela n'est pas une règle absolue. Les trous sont séparés par des hazards. Les hazards sont des obstacles naturels, tels que rivières, haies, taillis, murs peu élevés, barrières, etc. Chaque trou est profond de 10 centimètres environ et est constitué ordinairement par un petit auget en métal avec, au fond, un dispositif pour favoriser l'écoulement de l'eau. Un drapeau aux couleurs du club en indique l'emplacement; la distance qui sépare les trous varie entre 100 et 500 mètres.
Autour de chaque trou existe une partie de terrain soigneusement entretenue et, à quelque distance, un autre endroit nommé tertre, ou point de départ. C'est entre ce point de départ et les trous que se trouvent les accidents de terrain.

CHARLES GONDOIN.


Les sports modernes illustrés : encyclopédie sportive illustrée (813 gravures) / publiée sous la direction de MM. P. Moreau et G. Voulquin,... ; introduction de M. Abel Ballif, 1905-1906,
Moreau, P.. Éditeur scientifique










LA LUTTE


En plein XIXe siècle, alors que les sports n'avaient pas encore été aussi favorisés qu'ils le sont de nos jours pour combattre le surmenage intellectuel, la lutte resta dédaignée dans les classes un peu élevées. On n'a jamais pu d'ailleurs expliquer ce mépris pour un exercice aussi salutaire. question de snobisme peut-être? En effet, peu pratiquée dans les gymnases, la lutte n'évoquait forcément que le seul lieu où elle était en honneur : la baraque foraine!

C'est pourquoi, en France principalement, la lutte subit des crises passagères. En Russie et en Suisse, où les exercices athlétiques jouissent de longue date d'une faveur considérable, les gymnases sont assidûment fréquentés par des personnes de la meilleure société, qui ne dédaignent pas de s'initier aux secrets des multiples et vigoureuses prises du combat à bras-le-corps.

Ainsi, les Suisses, et plus particulièrement les gymnastes de ce pays, sont ceux qui ont le plus fidèlement conservé à la lutte son caractère naturel. Dans leurs rencontres, ils s'étreignent où ils peuvent, sans la moindre précaution, mais ils évitent toutefois, autant que faire se peut, les prises susceptibles de causer à l'adversaire une souffrance quelconque.

C'est donc dire que les crocs-en-jambe, les prises de jambe et bien d'autres coups encore, que certains esprits sportifs se refusant à voir employer, sont autant d'atouts reconnus bons pour gagner..En un mot, cette lutte veut sans ambages la mise à terre de l'un des deux partenaires. Elle est, chez les Suisses, le véritable sport national. Mais il n'y a pas que chez eux qu'elle est ainsi, pratiquée, et nous allons rapidement l'examiner dans les différents pays où elle fut et reste plus ou moins en honneur.

En Angleterre, en Allemagne, en Autriche, en Italie et en Amérique, la lutte fut de tout temps plus ou moins connue, plus ou moins prisée. En Turquie, aux Indes, au Japon et en Perse, on peut dire qu'elle ne chôma jamais. Dans ces pays, en général, la diversité des pratiques employées n'empêcha point que celles-ci découlèrent toujours d'une lutte mère appelée lutte libre.





" La Lutte " bas-relief de Louis Sajous, Beffroi de Montrouge, Hauts-de-Seine, 1933.





LA LUTTE LIBRE

Ainsi que son nom l'indique, cette lutte est entièrement dénuée de conventions. Elle est l'expression même de l'esprit de combativité naturel chez l'homme. Elle naquit avec le monde, mais depuis elle a. subi des transformations qu'amena la recherche de la difficulté pour en faire un jeu d'adresse et de force; c'est pourquoi il convient de l'appeler lutte mère. Elle donna naissance à des manières différentes, adéquates aux mœurs des pays.

La lutte au caleçon, dite lutte suisse. — N'oublions pas de citer cet autre mode de combat athlétique connu sous le nom de lutte au caleçon, ou lutte suisse, et qui est pratiqué plus particulièrement par les pâtres de l'Oberland, de l'Unterwald, de l'Uri, etc.
La lutte au caleçon constitue un exercice des plus pittoresques ; les bergers et aussi les gymnastes suisses s'y adonnent en de grands concours où chacun combat uniquement pour la gloire de faire triompher les couleurs de son canton.
Ces lutteurs sont poussés par un amour-propre indescriptible ; ils s'entraînent pendant de longues semaines, à l'approche d'une de ces épreuves. Les prix les plus importants de ces concours ne sont autres que des couronnes de papier rappelant celles que l'on distribue aux enfants à la fin de l'année scolaire.
La lutte au caleçon est avant tout un exercice de force. Les deux adversaires en présence sont revêtus, en plus de leur costume, d'un caleçon de grosse toile à voile dont la forme rappelle un peu celui des coureurs à pied. Ces caleçons sont terminés, tant à la ceinture qu'aux deux extrémités, par d'épais bourrelets susceptibles d'offrir une prise permettant à la main d'étreindre. Dans chaque action, le lutteur doit saisir son adversaire par la ceinture d'une main, et par l'une des jambes de l'autre main; ainsi en garde, les deux hommes sont face à face et cherchent à se soulever réciproquement pour se jeter ensuite violemment sur le sol. Les prises et les enlacements de jambes
sont de jeu tout comme dans la lutte libre. Il n'importe pas, pour être victorieux, que les deux épaules de l'adversaire aient touché terre ; il suffit tout bonnement de terrasser son antagoniste, et je vous prie de croire que le pâtre helvète ne s'entoure pas précisément de délicates précautions pour accompagner l'adversaire à terre, afin d'atténuer les effets de la chute.

(...)











LA LUTTE GRÉCO-ROMAINE

« De la tête à la ceinture », comme on dit à la fête, telles sont, résumées en peu de mots, les conventions primordiales qui régissent la lutte gréco-romaine. Toute prise au-dessous de la ceinture entraînerait la disqualification des lutteurs qui se départiraient de ces règles.

La lutte gréco-romaine est un dérivé de la lutte .libre, à laquelle on a apporté des règles conventionnelles. Rien de plus juste que de dire que la lutte gréco-romaine est à la lutte libre ce qu'est l'escrime du fleuret à celle de l'épée, où les touches comptent sur toutes les parties du corps.

La grande extension donnée à la lutte en France date du premier championnat qui fut organisé, sur l'initiative du Journal des sports, en 1898, au Casino de Paris. Les athlètes de tous pays, dont le fameux Pytlasinski, entre autres, se mesurèrent dans ce premier grand tournoi, qui fut gagné par notre champion national Paul Pons, ainsi que les suivants.

Paul Pons, dénommé le « bon géant» mesure lm,97 ; il est doté d'une force prodigieuse; sa haute stature rend toute tentative de prise de taille impossible à un adversaire de dimension moyenne. De plus, le géant Paul Pons possède, comme peu d'hommes de sa génération, la science de la lutte; à la douceur il allie la finesse, mais si son antagoniste s'avise de faire le méchant, du mouton qu'il est Paul Pons devient un lion d'une combativité sans égale.

(…)











Le costume. — Le costume de lutteur est des plus simples : il se compose d'une culotte ou d'un caleçon en jersey appelé « collant » retenu à la taille par une coulisse ou par une ceinture en étoffe appelée « trousse ».
Il faudra autant que possible éviter la ceinture de cuir, qui pourrait dans les enlacements trop violents blesser l'adversaire.
Les chaussures sont facultatives ; ainsi Paul Pons lutte toujours en bas, tandis que des lutteurs tels que Raoul le Boucher, Pytlasinski et Hackenschmidt, le Lion russe, se chaussent pour lutter de souliers de gymnastique.
Le torse et les bras restent nus; il est toujours recommandé aux lutteurs de se couper les ongles très courts : dans leur intérêt d'abord, puisqu'ils éviteront ainsi de se les retourner ; dans l'intérêt de leurs adversaires ensuite, qu'ils ne craindront pas de griffer dans le courant de l'assaut.

ARMAND LUSCIEZ.

Les sports modernes illustrés : encyclopédie sportive illustrée (813 gravures) / publiée sous la direction de MM. P. Moreau et G. Voulquin,... ; introduction de M. Abel Ballif, 1905-1906,
Moreau, P.. Éditeur scientifique










" La Natation " bas relief de Louis Sajous, Beffroi de Montrouge, Hauts-de-Seine, 1933.



LA NATATION


La natation ( swimming ) est à la fois un sport utile et agréable ; son utilité, il n'est pas nécessaire de la faire ressortir, mais son agrément est, par contre, trop souvent méconnu. Et pourtant, il est bien peu de jouissances accordées à notre « moi » physique qui dépassent la délicieuse sensation de se jouer au sein d' une eau limpide ou de subir la caresse un peu brutale du flot.

L'homme cependant est moins favorisé que l'animal : à peu près seul de la création, il se noie infailliblement s'il se trouve jeté à l'eau sans éducation spéciale, et l'explication en est fort simple : alors que le corps de l'animal est constitué de façon telle, que dans l'eau la bête conserve la même position naturelle que sur la terre ferme, la structure de l'homme, au contraire, se prête mal à un auto-équilibre dans l'eau ; la station verticale, la tête lourde, l'inaptitude des membres inférieurs à servir de rames ou palettes, tout concourt à défavoriser l'humaine créature. C' est par la connaissance de l'art spécial de la natation que celle-ci saura flotter et progresser correctement au sein d'un liquide.

Avant que de pénétrer dans la technique de la natation, quelques mots concernant le lieu et l'heure les plus favorables . Incontestablement, l'heure des ébats aquatiques se place de préférence entre dix et deux heures, au plus fort du jour ; toutefois, dans la saison estivale, alors que le soleil darde de façon importune, il sera préférable de reporter l'heure du bain au soir, avant le dîner. Cette pratique est certainement préférable à celle qu' adoptent certains nageurs amis de l'aurore, car à la chute du jour l'eau réchauffée, est toujours agréable, et, en outre, la baignade agit comme un stimulant énergique de l'appétit et un tonique préparateur de longues nuitées de sommeil.

Il va sans dire que l'on ne doit se jeter à l'eau que deux heures pour le moins après l'ingestion d' une nourriture substantielle, bien qu'il n'y ait aucun danger à se baigner après un biscuit trempé dans le vin ou une croûte hâtivement cassée sur le pouce.

Un préjugé moins connu, mais tout aussi fâcheux au point de vue hygiénique, est la peur que possèdent certaines personnes de se baigner si elles sont en sueur, ou si seulement elles ont un peu chaud ; beaucoup se déshabillent et se « refroidissent » avant de prendre eau : c' est là une pratique qui conduit tout droit à la bronchite, alors qu'il n' y a aucune espèce de danger à plonger « chaud », même en pleine sueur.

Ceci dit passons à l'ultime recommandation de l'apprenti nageur, la plus importante, et aussi la plus difficile à obtenir chez le débutant, à savoir : ne pas craindre l'eau. Cette peur terrible, et, il faut le reconnaître, instinctive, est la cause de toutes les catastrophes : le corps humain, lorsqu'il est maintenu dans telles attitudes où son centre de gravité n'est pas trop au-dessous de la ligne de flottaison,  flotte naturellement à la surface. La plus facile de ces attitudes consiste à tenir les jambes naturellement inclinées au fil de l'eau, les bras et la tête étant renversés vers l'arrière ; si les personnes qui tombent à l' eau et ne sachant pas nager avaient la présence d' esprit, au lieu de se débattre, c'est - à - dire de déplacer rapidement leur centre de gravité, de prendre cette position, qui, nous le répétons, est toute naturelle, elles pourraient attendre les secours en toute confiance.

Donc, « savoir flotter » est l'essentiel ; le mouvement des bras et des jambes se greffera ensuite sur ce premier modus vivendi .

A l'eau . – La première chose à faire est de se mouiller complètement et rapidement, pour éviter tout le cortège de sensations désagréables, thermiques et respiratoires, qui affectent l'hésitant enfonçant précautionneusement son corps millimètre par millimètre ; si vous avez les premières fois une hésitation,  fort légitime, à foncer brusquement dans l'élément liquide jusques et y compris la tête, mouillez -vous par une aspersion en règle, mais surtout, que tout cela soit rapidement expédié ! 

 

 Le Livre des sports athlétiques et des jeux de plein air, rédigé par un groupe de spécialistes sous la direction de M. Henry Claremont. Cricket, football Association, football Rugby, golf, hockey, tennis, boxe, escrime, lutte, aviron... Editeur  P. Roger (Paris)  1910.

 












LE PATINAGE


Il est incontestable que l'exercice du patinage met constamment en jeu des muscles qui dans la marche, la danse et même la bicyclette et l'équitation travaillent à peine. Les pieds, les hanches, le buste et la tête ont à effectuer ou à subir, des torsions beaucoup plus prononcées que dans tout autre exercice.

Pour ces divers motifs nous conseillons, afin d'acquérir ou entretenir la souplesse qu'exige le patinage, de faire quelques exercices de gymnastique au moyen de l'appareil appelé exerciseur, puis, au fur et à mesure que l'on entreprendra des mouvements de patinage plus compliqués pour l'exécution desquels on devra faire appel à des muscles mieux exercés, on pourra au préalable et selon la difficulté rencontrée dans chaque nouveau mouvement préparer par une gymnastique raisonnée la partie, du corps qui doit contribuer à la bonne exécution de la figure déterminée.







" Patineuse ", bas-relief  en hauteur sur un immeuble 19 rue de Montevideo, XVIe ardt, vers 1933. En fait cette patineuse symbolise l'Hiver, car sur ce groupe d'immeubles, il y a trois autres représentations, pour le printemps, l'été et l'automne, mais qui ne concernent pas le sport.






Vêtements. — Hygiène. — Le costume, pour les hommes, n'a qu'une importance secondaire, mais il est essentiel que les membres qu'il revêt soient libres et à l'aise.
Pour les dames nous conseillons la jupe dite de «patinage ». Cette jupe s'arrêtera à la cheville et devra, pour conserver une gracieuse ondulation en même temps que l'aisance dans les mouvements, être très étoffée. Quant aux précautions hygiéniques que doit prendre le patineur, elles sont semblables à celles qui sont recommandées lorsqu'on fait tout exercice violent, c'est-à-dire porter autant que possible de la flanelle, avoir soin de se couvrir chaudement dès qu'on se repose, surtout pour le patinage au grand air, et éviter la transpiration excessive.

Chaussures. — Grâce à la chaussure de « patinage » le supplice,de la courroie est enfin aboli ; seuls, quelques vieux patineurs, fidèles aux habitudes de leur jeunesse, en font encore usage. Aujourd'hui la chaussure de patinage, telle qu'elle est confectionnée par les maisons qui s'en sont fait une spécialité, a l'avantage, tout en conservant une forme gracieuse, de maintenir la cheville, qui est de toutes les parties du corps celle qui fatigue le plus, surtout chez les débutants ; il est donc essentiel d'être muni d'une bonne paire de chaussures à lacets, ce qui empêchera les pieds de tourner et contribuera pour beaucoup à l'accélération des progrès.


JEAN RICHARD.


Les sports modernes illustrés : encyclopédie sportive illustrée (813 gravures) / publiée sous la direction de MM. P. Moreau et G. Voulquin,... ; introduction de M. Abel Ballif, 1905-1906, Moreau, P.. Éditeur scientifique 

 

 

 


 
















LE SKI


C'est en Norvège qu'est né ce merveilleux patin ; mais sa renommée universelle ne date guère que de la performance accomplie en 1888 par Nansen sur l'interminable « inlandsis » groenlandais ; c'est grâce à l'emploi du ski que cet explorateur put traverser en quarante-six jours la terre glacée, d'une mer à l'autre. Quelques auteurs attribuent à cet engin une origine asiatique et voient dans un large patin servant actuellement aux Tschuktsches l'ancêtre du ski ; cela est très douteux car l'appareil en question est bien plutôt une raquette. D'ailleurs le ski existe en Scandinavie depuis un temps immémorial et les plus anciennes légendes de ce pays en font mention.


Si l'existence du ski est fort ancienne, le sport est tout récent; Il ne se développa en Norvège qu'en 1879, époque de la première course, qui eut lieu aux environs de Christiania ; il pénétra en Allemagne dès l'année suivante. Mais ce n'est que vingt années plus tard que l'on en comprit en France tout l'intérêt. En effet, dans notre pays, c'est vers l'année 1900 que les troupes alpines adoptèrent le ski pour leurs courses hivernales.









" Skieuse ", bas-relief signé Albert David (1896-1970) 12 rue de la Porte de Chatillon, Paris XIVe ardt. Cette skieuse décore un groupe d'HBM construit dans les années 30.









Aujourd'hui, grâce aux efforts et à l'activité du Dr Payot, Chamonix est le principal centre français. En Autriche, en Suisse, sur toute l'étendue de la chaîne alpine, le nouveau sport est de plus en plus pratiqué. En maintes localités il devient positivement populaire, et des courses annuelles provoquent une heureuse émulation chez les jeunes montagnards, qui abandonnent leur précédente vie de marmottes pour se fréquenter de village à village, quelle que soit l'abondance des neiges ; c'est l'hygiène du grand air remplaçant l'étouffante promiscuité d'hiver dans les chalets. Avec le ski, plus de villages bloqués, plus de malades privés de médicaments; c'est en outre la fréquentation de l'école possible en tout temps. En Allemagne et en Autriche, des facteurs, gardes-chasse, forestiers, bûcherons, utilisent le nouveau patin ; certains médecins de campagne font de même et s'en félicitent.


AUGUSTE ROBIN;


Les sports modernes illustrés : encyclopédie sportive illustrée (813 gravures) / publiée sous la direction de MM. P. Moreau et G. Voulquin,... ; introduction de M. Abel Ballif, 1905-1906, Moreau, P.. Éditeur scientifique


























LAWN-TENNIS


Le lawn-tennis, qu'il ne faut pas confondre avec le tennis des Anglais, qui est la courte-paume française, est un jeu comparativement jeune puisqu'il date seulement de 1873.


Historique. — Le père du lawn-tennis est le major Wingfield, qui, en garnison aux Indes et s'inspirant de la courte-paume, inventa un jeu dérivé de cette dernière, qu'il avait nommé sphairistike. Il s'agissait de se renvoyer par-dessus un filet une balle de caoutchouc à l'aide d'une raquette dans un espace donné, tracé sur une pelouse et nommé cours. Mais ce cours, affectant la forme d'un sablier, était plus long et plus large et le filet plus haut que dans le lawn-lennis actuel. La balle de service, ou de début de la partie, devait être lancée d'un rectangle nommé service-box placé au milieu d'une des moitiés du cours et tomber alternativement dans une des divisions qui étaient tracées sur l'autre moitié.








" joueur ou joueuse de Tennis ", bas-relief 2 Villa Poirier, Paris XVe ardt, par Georges Petit (1879-1958), vers 1934.







Le sphairistike du major Wingfield eut une diffusion rapide aux Indes, d'où il fut introduit en Angleterre. Le nouveau jeu venait à son heure. Plus intéressant-que le croquet, qui était alors en grande vogue, permettant des efforts plus athlétiques en même temps qu'il était accessible aux femmes, le sphairistike fut pratiqué avec succès à Wimbledon sur les pelouses du AU England Croquet Club et acquit bientôt une popularité toujours croissante. Chaque groupe de joueurs appliquait des règles particulières, et les cours affectaient les formes et les dimensions les plus bizarres.

Un comité de sportsmen, amateurs de paume, en majorité membres du Marylebone Club, se réunit en 1875 et élabora des règlements qui modifièrent le jeu. Le sphairistike prit le nom de lawn-tennis (littéralement, « paume sur pelouse »).


PAUL CHAMP.


Les sports modernes illustrés : encyclopédie sportive illustrée (813 gravures) / publiée sous la direction de MM. P. Moreau et G. Voulquin,... ; introduction de M. Abel Ballif, 1905-1906, Moreau, P.. Éditeur scientifique









" Joueuse de Tennis ", bas-relief signé Albert David (1896-1970) 12 rue de la Porte de Chatillon, Paris XIVe ardt. Cette joueuse de tennis décore un groupe d'HBM construit dans les années 30.





LE TENNIS


C'est un jeu similaire au vieux jeu national français de la longue paume. Jouée d'abord avec la main et avec une balle de liège, la longue paume fut importée plus tard en Angleterre, après l'invention de la raquette. Le premier code du tennis date de 1877, époque du premier championnat du All England Club.

Il est tout d'abord nécessaire, pour jouer au tennis, d'avoir le terrain où sera tracé le cours. Ce terrain doit être très vaste, pour que les joueurs puissent courir aussi assez loin en dehors des limites du cours. Le cours doit mesurer 23 m. 80 sur 8 m. 26 de large ; la bordure extérieure doit être de 7 mètres au moins, à partir de la ligne du fond et de 4 mètres à partir de celle des côtés.

La position du terrain doit être, si possible, du nord au sud, pour que le soleil y paraisse de façon égale.

On peut jouer sur des cours de terre, de sable, d'asphalte, de ciment et de gazon. Les terrains de gazon sont assez pratiques et assez agréables pour le jeu, mais ils coûtent très cher à entretenir et ne peuvent servir que pendant quelques mois par an. Les terrains en asphalte ou en ciment sont durs au pied et glissants.

Le meilleur terrain est certainement celui en terre battue. Défoncez le terrain à préparer pour le cours, à une profondeur de 20 centimètres environ, égalisez-le, puis couvrez-le de débris de plâtras, de briques et de calcaire sur environ 10 à 12 centimètres de hauteur.

Écrasez alors cette couche et nivelez-la parfaitement, puis mettez par-dessus une seconde couche de boue. Roulez, aplanissez et recouvrez enfin de sable fin de fleuve, bien égalisé bien étendu et roulé lorsqu'il est humide. Le meilleur moment pour faire un cours est l'automne ; en effet, la pluie fait amalgamer les matériaux et rend le tout homogène.


  Le Livre des sports athlétiques et des jeux de plein air, rédigé par un groupe de spécialistes sous la direction de M. Henry Claremont. Cricket, football Association, football Rugby, golf, hockey, tennis, boxe, escrime, lutte, aviron... Editeur : P. Roger (Paris) 1910



















Bas-relief multi sports, Institut d’éducation physique de l’Université de Paris, 1 rue Lacretelle, Paris XVe ardt, 1937. Nous avons représentés ici l'haltérophilie, la gymnastique et ses agrès et anneaux, le jonglage et ses massues.









 " Les Sports ", Galerie des Commissions, Hôtel de Ville de Paris, IVe ardt, 1938. Les auteurs de ce vitrail sont Gaëtan Jeannin et Mlle S. Charlemagne, ingénieurs à l’École centrale, sous l'autorité d'Auguste Labouret (1871-1964). On y retrouve l'Aviron, la Course Hippique, la Course Automobile, la Course Cycliste, le Football, la Course à Pied  et la Natation.

















Vase commémorant  les Jeux Olympiques de 1924, Musée Carnavalet, Paris IIIe ardt.












2 commentaires:

  1. Hé ben dis donc quel boulot.... Bravo!
    Je suppose que tu as pris toi même les photos en arpentant Paris... Quelle recherche passionnante... Je ne suis pas sportive, mais ton sujet et original et étonnant...

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  2. Merci Marie!
    Il faut avouer que nous avons eu des sujets plus rares et avec plus de surprises dans ce blog, mais il était bon de réunir ces décos essentiellement années 30 afin de souligner le penchant pour le sport qu'a eu la société à cette époque. Oui des photos prises en arpentant Pantruche, qui nous réserve toujours un bout de rue inédit, une étrangeté à sonder. Merci de ta visite !

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