Au début du XXe siècle le Sport et
ses multiples disciplines se démocratisent petit à petit, pour
devenir dans les années 30 une valeur collective, portée avec
succès par le Front Populaire. On y voit le triomphe de l'effort et
de l'adresse, une hygiène naturelle, une source de joie de vivre et un moyen
d'entretenir des rapports harmonieux avec ses semblables. C'est aussi
« l'esprit sain dans un corps sain » de l'antiquité
retrouvé . Aussi il n'est pas surprenant que LES sports
deviennent un sujet courant de décoration, de programme social et de
but à poursuivre, comme thèmes des bas reliefs commandés par une
commune, ou pour un groupe d'Habitations Bon Marché, les premiers
HLM .
Où nous retrouvons ces bas-reliefs parisiens ou
banlieusards, se voulant populaires, dynamiques, audacieux, porteurs
d'une foi en la vie qui passe par le corps et le plaisir de sentir
son existence en mouvement, établissant presque un nouveau
culte.
Les textes qui accompagnent ces bas-reliefs sont un peu
plus anciens, 1905 et 1910. Ils définissent chaque sport et nous
apprennent par exemple que le Football pouvait être dénommé «
l'Association » et le Rugby « Le Football-Rugby ». L'on y
trouve aussi la recette pour se fabriquer un cours de Tennis en terre
battue.
(Les photos anciennes noir et blanc sont extraites de " Les sports modernes illustrés " dont le lien vers chaque sport présenté est à la fin du texte. Les quelques dessins sont eux tirés de " Le Livre des sports athlétiques et des jeux de plein air " ayant aussi quelques liens en fin de certains des textes).
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Square Kellermann, XIIIe ardt. Bas-relief Jeu de boules par Elie Ottavy (1887-1951), 1937. |
LE JEU DE BOULES
L' antique jeu
de boules, qui prit naissance, dit-on, dans les camps fortifiés des
soldats romains au temps de la conquête de la Gaule, groupe
aujourd'hui de nombreux fervents sur les bords du Rhône, dans le
midi et le nord de la France, et les bords de la Seine commencent à
ne point être indifférents à cette récréation de nos pères.
Il y a deux jeux de boules bien distincts : le jeu de
berge et le jeu lyonnais.
Dans le jeu de berge, la
boule doit rouler soit tout droit, soit lancée sur les côtés du
jeu, la berge, pour atteindre le but. Il n'y a là dedans ni
violence, ni effort, et tout le monde a vu de paisibles bourgeois se
livrer à cet exercice sous les maigres tonnelles des guinguettes
banlieusardes, le long des fortifications parisiennes, aux portes de
Neuilly et de Saint-Mandé.
Le jeu lyonnais est beaucoup plus
athlétique, beaucoup plus « sport », c'est véritablement un
exercice physique fortifiant et sain. Dans cette étude, nous ne
traiterons, en conséquence, que du jeu lyonnais, le seul qui
soit réglementé régulièrement et qui offre un intérêt général.
Le jeu de boules à Paris. - En 1902, une
vingtaine de Lyonnais, habitant Paris, eurent l'idée de demander à
la municipalité un emplacement dans le bois de Vincennes, pour
pratiquer leur sport favori. La société qu'ils fondèrent, et qui
existe encore sous le nom de Société de jeux de boules du XIIe
Arrondissement, comptait alors une vingtaine de membres ; elle en a
maintenant plus de cent vingt. De nombreux groupements ont suivi cet
exemple, et d'autres boulodromes- se sont fondés à Charonne, à
Clichy, rue des Pyrénées, rue de la Clef -etc- Partout se forment
d'excellents joueurs.
Le jeu dans la région du Rhône.
Les règles du jeu de boules, telles qu'elles ont été codifiées
par le journal le Progrès de Lyon, sont appliquées dans quatorze
départements de la région.
Sur la place Bellecour, à Lyon,
s'organisent les championnats annuels de France.
On estime à
quatre cent cinquante mille le nombre minimum des adeptes du
jeu de boules dans les quatorze départements de la région lyonnaise
et des pays limitrophes. y a-t-il beaucoup de sports en France qui
réunissent autant de fervents ?
De mai à fin août et par
le beau temps, on peut évaluer à 80 000 le nombre de ceux q qui à
Lyon jouent aux boules,
A Lyon, du reste, il y a 1. 800 jeux de
boules, installés la plupart du temps ans les jardins des cafés des
environs de Lyon, et l'on compte au moins 3000 sociétés de jeu
dans-la région (1).
Caractéristique du jeu. -
Dans le jeu lyonnais, il existe trois manières de lancer la boule :
1° La portée, qui consiste à rouler la boule directement vers
le but, « le petit », dont elle doit approcher le plus possible;
2° Le pointage, qui consiste à lancer la boule pour en
déplacer une ou plusieurs autres, déjà près du but. Dans ce
pointage la boule doit toucher le sol, contrairement au troisième
procédé :
3° Le tir, dans lequel la boule
doit être lancée directement sur une autre pour l'éloigner du but.
Et de ces trois façons de projeter la boule dérive tout le
jeu.
Les jeux se forment par groupes de quatre joueurs ou «
quadrettes », et c'est merveille que de voir ces équipes, composées
de jeunes athlètes vigoureux et musclés, pointant, portant ou
tirant la boule avec un entrain endiablé.
Quand deux boules
de camps adverses semblent également proches du but, elles
nécessitent pour les coter un repérage: la pige. L'arbitre
alors s'arme d'une mesure pour constater exactement les écarts et
marquer les points.
(1) Ces renseignements ont été fournis par
notre aimable correspondant M. LouisWeigel, chroniqueur de ce sport
au journal Progrès
(...)
Les
joueurs. — Le jeu de boules est un exercice à la fois simple
et amusant qui développe les qualités physiques, le coup d'œil, la
souplesse, l'équilibre des muscles tendus pour une besogne précise
en même temps que le cerveau réfléchit et combine. Rien n'est plus
salutaire. Le costume des joueurs de boules n'a rien de spécial. Il
suffit d'être à son aise.
Mais pour être séduit
véritablement par l'intérêt et la beauté du jeu de boules
correctement pratiqué, il faut aller l'apprécier en le regardant.
Et à ce spectacle on se convaincra rapidement qu'il est de
beaux jeux athlétiques en France sans qu'ils aient auparavant
passé ou repassé la Manche. Prenons à l'étranger ce qui est bon
et profitable, mais pour cela ne laissons jamais tomber notre
patrimoine sportif, représenté par les exercices sains et utiles
que nous ont légués nos pères.
PAUL CHAMP.
Les
sports modernes illustrés : encyclopédie sportive illustrée (813
gravures) / publiée sous la direction de MM. P. Moreau et G.
Voulquin,... ; introduction de M. Abel Ballif, 1905-1906, Moreau,
P.. Éditeur scientifique.
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" Le boxeur tombé ", bronze de Paul Landowski, 1921, Musée Paul Landowski, Boulogne Billancourt, Hauts-de-Seine. |
LA BOXE
Les premiers,
les Grecs firent de l'art de se battre à coups de poing un exercice
réglementé qu'ils nommaient pugilat. Plus tard, ils acclimatèrent
un dérivé du pugilat, mélange de lutte et de boxe dénommé le
pancrace.
La boxe anglaise. — Les Anglais ont
continué la tradition antique. Vers le XIVe siècle, ils
introduisirent dans leur pays le pugilat grec, qui prit le nom de
boxe anglaise. Depuis cette époque, elle n'a fait que se
développer au point de constituer pour eux un sport national.
Elle
se pratique de deux façons différentes : la première, le
sparring-boxing ou assaut, est un combat relativement courtois
où les poings des adversaires sont recouverts de gants de peau
rembourrés de crin.
La seconde est le combat à poings nus ou
les mains recouvertes de gants très légers à peine rembourrés.
Ces combats font l'objet de matches sensationnels et de paris
énormes. Même dans les plus fameux par la qualité des adversaires
en présence, il est rare qu'un des boxeurs succombe. Ces rencontres
sanglantes sont d'ailleurs, à notre époque, interdites dans presque
tous les pays se font de plus en plus rares.
La boxe anglaise est
peu acclimatée en France, où l'on goûte médiocrement un exercice
tout de force et de brutalité dans la pratique et qui nécessite une
endurance particulière.
Elle est d'ailleurs toute de convention,
ne comprenant exclusivement que le jeu des poings. Les prises de
corps et de tête sont interdites, de même que les coups de lutte.
Il en est ainsi, du moins, dans les assauts ou matches qui ont été
codifiés et réglementés par le marquis de Queensberry (Queensberry
Rules), car il existe une autre règle de combat où les prises
de corps sont admises mais elle est peu usitée.
(...)
L'entraînement. — Pour se présenter en bonne
forme dans un assaut de boxe anglaise, il est indispensable de
s'imposer un entraînement sévère qui varie suivant l'âge du
boxeur et les conditions dans lesquelles il se trouve à ce
moment.
Afin de conserver un moral excellent, il ne doit pas
changer brusquement ses habitudes, mais les modifier progressivement.
Le boxeur doit chercher à atteindre son minimum de poids tout en
obtenant son maximum de vigueur musculaire. Il devra se lever et se
coucher tôt et s'astreindre à un régime de nourriture, les repas
se composant de viandes grillées, de légumes verts et très peu de
liquide, un demi-verre de vin coupé d'eau, ou de bière ou de thé
léger. Ne pas fumer ni boire d'alcool. S'il a un peu de graisse, il
devra faire journellement de la marche rapide, 2 à 3 kilomètres
environ, couvert de vêtements chauds, de façon à obtenir une
sudation abondante. Il se livrera à des exercices de massues
légères, afin de développer la souplesse des épaules et des bras,
sauter à la corde pour se faire les jambes. Ayant ainsi préparé
son corps, il se mettra à boxer et s'habituera avec le sac, le
ballon et des adversaires à frapper très fort et à supporter les
coups les plus durs sans être démonté.
Pour le
professionnel, l'entraînement est encore plus rigoureux et dure
plusieurs mois. Il est généralement entre les mains d'un manager
qui s'occupe de lui comme un entraîneur de son cheval. Ce manager
traite les engagements, dirige l'entraînement et veille à ce que
son homme, qu'il ne quitte jamais, se trouve dans toute sa
forme le jour du combat. Il est vrai qu'en Angleterre, et surtout en
Amérique, il y a quelquefois une fortune à gagner pour le vainqueur
d'un match sensationnel, et le vaincu lui-même se retire avec un
important bénéfice.
Parmi les vainqueurs de ces fameux
matches, citons ceux dont on a le plus parlé :
John Sullivan,
Jim Corbett, Bob Fitzsimmons et Jeffries, le détenteur actuel du
titre de « champion du monde ».
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" La Boxe " bas-relief de Louis Sajous, Beffroi de Montrouge, Hauts-de-Seine, 1933. |
Costume. — Le
costume le plus commode et le plus confortable est celui-ci :
Culotte de flanelle ou de laine, maillot de laine. La flanelle ou la
laine est indispensable, car elle absorbe la transpiration et ne
refroidit pas. La culotte doit être ample à la cuisse et serrée
aux mollets et à la cheville.
Une ceinture en tissu
caoutchouté, de 4 centimètres environ de largeur, a pour but de
compléter le costume et de tenir la culotte en s'ajustant à des
agrafes adaptées à celle-ci. Toutes les ceintures larges ou raides
nuisent à la souplesse des mouvements et ne doivent pas être
utilisées; elles peuvent déterminer de graves accidents herniaires,
surtout chez les enfants.
Les bottines doivent être en peau
souple et lacées ; les semelles légères, plates et non cambrées,
en cuir de buffle souple. Cette chaussure est la seule qui soit
pratique, car elle soutient bien la cheville ; le pied est bien
maintenu et à plat, il ne peut glisser, et la bottine ne peut
s'échapper comme il arrive parfois avec des bottines sans tige. Les
gants utilisés en boxe française doivent être en peau d'agneau
lisse et à manchettes. Ils sont rembourrés de crin de première
qualité. Grâce à leur épais capitonnage, les coups ne sont pas à
craindre.
Nous préconisons l'emploi des gants sans pouce,
car nous avons remarqué qu'avec ceux à pouce, très souvent en
portant des coups, surtout au corps, le pouce avait été retourné
et foulé.
On peut aussi porter des jambières, mais nous
n'en sommes pas très partisan, car les élèves, se sachant les
jambes garanties, ne se méfient pas assez des coups bas.
LES
SOCIÉTÉS DE BOXE
Le goût de la boxe s'est beaucoup répandu
depuis quinze ans; beaucoup de salles de boxe se sont fondées et ont
de nombreux élèves.
Il existe un certain nombre de sociétés
de boxe, sociétés d'encouragement ayant pour but de développer le
goût de la boxe.
Elles ont réussi à amener de nombreux
adeptes en organisant chaque année des assauts intimes et
publics par invitations.
Ce sont :
La Boxe française, —
le Boxing-Club de France, — la Société d'encouragement à la
boxe, — la Boxe française du Raincy, - la Boxe française de
Marseille, — la Boxe française de Roubaix, - la Boxe, - les
Boxeurs parisiens, — les Boxeurs français.
Ces diverses
sociétés se sont groupées, les six premières pour fonder l'Union
des sociétés françaises de boxe, et les trois autres, auxquelles
se sont joints quelques petits groupes d'amateurs, ont fondé la
Fédération française des sociétés de boxe.
CHARLEMONT.
LES COURSES A PIED
La
marche et la course à pied sont de tous les exercices physiques les
plus complets et les plus utiles à l'homme, car, entre tous, ils
mettent à l'œuvre l'entier appareil de la musculature et des
organes respiratoires. Tout individu normalement constitué peut être
utilement exercé à la marche et à la course à pied, à la
condition, toutefois, de pratiquer ces exerces à dose raisonnée et
suivant une progression soigneusement établie. Les bienfaisants
résultats de la pratique de ces sports ne se feront pas longtemps
attendre : tandis que les muscles des Jambes, des bras et de la
poitrine se développeront de la façon la plus avantageuse et pour
la santé de l'athlète et pour l'harmonie de sa structure, ses
poumons acquerront une grande capacité respiratoire.
La
course à pied qui va surtout nous occuper ne doit pourtant être
pratiquée, en tant que sport, qu'à partir d'un certain âge : de
dix-sept à dix-huit ans, suivant les tempéraments. Plus tôt serait
un danger; l'organisme frêle de l'enfant ne saurait impunément
résister aux fatigues qu'un adulte sain supporte facilement.
Avant d'étudier de plus près le sport pédestre, il est nécessaire
de donner quelques détails sur ce que doit être celui qui désire s
adonner à ce sport.
Hygiène. — Tout individu
sain qui désire pratiquer avec succès la course à pied doit faire
en sorte de vivre dans des conditions hygiéniques telles que ses
facultés physiques ne soient jamais troublées et atteignent ainsi
leur complet épanouissement.
La première règle à
observer pour obtenir ce résultat est une grande régularité dans
toutes les fonctions de l'organisme : travaux, exercices, repas,
sommeil, etc. Il est encore indispensable à la conservation de la
santé de tenir son corps dans un constant état de propreté. Les
ablutions froides tous les matins, tout en donnant au corps la
netteté désirable, auront sur le système nerveux et musculaire la
meilleure influence. Enfin il faut éviter tout excès, de quelque
nature que ce soit.
Tels sont -les principes élémentaires
de l'hygiène ; toute personne qui suivrait régulièrement ces
règles serait en bonne condition, c'est-à-dire en bonne santé, et,
après un peu d'entraînement, en état d'accomplir un exploit de
force et d'activité.
Le vêtement. — Avant toute
chose, le coureur à pied doit faire choix d'un costume qui se
compose d'un maillot, d'une culotte, d'une paire de souliers à
pointes, d'un épais maillot de laine ou d'un peignoir dit « sortie
de bain » et d'une paire de bouchons ou poignées en liège.
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" La Course à pied " bas-relief de Louis Sajous, Beffroi de Montrouge, Hauts-de-Seine, 1933. |
Le maillot sera choisi collant au torse et largement échancré à
l'attache de l'épaule, qui ne doit pas être couverte. La couleur
est naturelle ment au choix du coureur, mais nous ne saurions, à ce
sujet, trop recommander les teintes unies, infiniment plus agréables
à l'œil que les bariolages disparates que promènent de trop
nombreux athlètes.
La culotte doit être flottante sans
exagération et ne doit jamais gêner aucun mouvement du coureur.
Elle doit se fixer d'elle-même à la ceinture par le moyen d'un
ruban élastique et s'arrêter assez haut au-dessus du genou. La
culotte recouvrira la partie inférieure du maillot et sera blanche
ou noire, mais jamais d'une couleur quelconque, auquel cas elle
constitue un vêtement affreux et parfaitement ridicule.
Les souliers sont la partie du vêtement du coureur la plus difficile
à choisir : il faut les prendre d'un cuir très souple, assez gras
et extrêmement justes ; le soulier qui ne gêne pas le.pied du
coureur au moment où il l'achète sera, après quelques jours,
complètement déformé et hors d'usage. Une bonne paire de souliers
de course ne doit pas pouvoir être employée utilement avant d'avoir
été portée une dizaine de jours pendant lesquels le coureur les
forcera en faisant, chaussé d'eux, tout l'exercice qu'ils lui
permettront.
On ne trouvera pas l'économie en prenant des
souliers de course bon marché; il faut mettre de 15 à 20 francs
pour avoir des souliers qui puis-sent fournir un service durable.
Sous chaque semelle, les pointes, au nombre de cinq,
varieront en longueur d'après la nature du sol où l'on pratique la
course à pied; elles seront plus longues sur un sol mou que sur un
sol dur. En général, les coureurs de vitesse se servent de pointes
plus longues que les coureurs de fond; les coureurs de haies portent
deux pointes en plus à chaque talon.
Il faut avoir grand soin de
ses souliers, les essuyer chaque fois que l'on s'en est servi,
surtout lorsque le sol était mouillé, et les enduire dans ce
dernier cas d'une légère couche de graisse..
Il faut
encore faire l'acquisition d'un épais maillot de laine ou d'un long
peignoir coupé dans une étoffe épaisse. L'emploi de ces deux
vêtements, et du dernier surtout, est recommandable au coureur
désireux d'éviter les refroidissements qui peuvent résulter d'un
repos dans un endroit frais après un effort prolongé.
Les
bouchons ou poignées en liège servent utilement au coureur, qui est
heureux de les étreindre au moment de l'effort.
LE FOOTBALL
Le
football est déjà tout proche de devenir le jeu national français
comme il est déjà le sport principal de l'Angleterre. Le nombre des
équipes de football croît chez nous chaque année d'une façon
extraordinaire, et il n'y aura bientôt plus de la Manche à la
Méditerranée, et de l'Atlantique aux Alpes, un seul village où les
jeunes gens ne s'exercent à taper ans un ballon de cuir rond ou
ovale.
Le football nous est venu d'Angleterre, mais ce ne
fut en somme qu'une restitution, puisqu'on prétend qu'il fut apporté
dans les îles Britanniques avec la conquête des Normands, lesquels
Normands le tenaient de leurs voisins de Bretagne. Le football breton
s'appelait " soûle " et était représenté par un jeu assez
brutal et sans règles définies, qui consistait à jeter un lourd
ballon de cuir devant les jeunes gens rassemblés à la limite de
leurs communes. Le camp qui parvenait à apporter le ballon dans la
commune rivale avait gagné. Au XVe siècle, en Italie, sous le nom
de « calcio », nous trouvons également un jeu de ballon qui se
rapproche du football, et que de nombreuses estampes du temps nous
représentent encore. Telles sont les origines du football esquissées
à grands traits.
Il y a près d'un siècle que le football
est réglementé suivant un code sévère et obéit à des lois
définies sur le sol de la vieille Angleterre.
En France,
timidement, il fit ses débuts vers 1885 et il ne connut guère de
parties régulières avant 1890. Certains établissements
d'éducation, à cette époque, le firent pratiquer par leurs élèves,
puis se fondèrent le « Racing-Club de France » d'abord et le «
Stade français » ensuite, qui disputèrent les premiers matches
réguliers et furent en quelque sorte les modèles de ceux qui
pratiquèrent le jeu par la suite.
Mais avant d'aller plus
loin, il faut dire qu'il existe deux sortes de football, le premier
qui s'appelle le rugby, et qui se joue avec un ballon ovale, le
second qui se nomme l'association, pratiqué avec un ballon rond. Ce
sont deux figures de jeu absolument différentes et qui réunissent
des adeptes également différents.
Dans le rugby on
porte le ballon avec les mains pour le poser derrière la ligne du
but opposé.
Dans l'association on le conduit seulement avec
les pieds, et ce sont en somme deux sports particuliers presque
complètement étrangers l'un à l'autre. Nous parlerons donc de
chacun d'eux en un chapitre différent.
![]() |
" Le Rugby " bas-relief de Louis Sajous, Beffroi de Montrouge, Hauts-de-Seine, 1933. |
LE
FOOTBALL RUGBY
Une équipe de football rugby
comprend quinze joueurs qui se décomposent ainsi : huit avants, deux
demis, quatre trois-quarts et un arrière.
Comme nous le
disions plus haut, le but du jeu est de porter un ballon ovale
derrière la ligne du but opposé au sien et de lui faire toucher
terre, ce qui compte trois points. Ensuite on a le droit d'essayer de
faire passer le ballon d'un coup de pied entre les poteaux du but
conquis, ce qui donne deux points de plus. Au cours de la partie on
envoie également des coups de pied dans le ballon, destinés à le
faire passer entre ces mêmes buts et qui, suivant leur nature,
assurent différents avantages. Nous les passerons en revue plus
loin.
EDOUARD PONTIE.
Les sports modernes
illustrés : encyclopédie sportive illustrée (813 gravures) /
publiée sous la direction de MM. P. Moreau et G. Voulquin,... ;
introduction de M. Abel Ballif, 1905-1906, Moreau,
P.. Éditeur scientifique
LE FOOTBALL RUGBY
Il y a un abîme entre le rugby et l' association. Vouloir décrire
l'historique du football rugby, c'est décrire toute entière l'
évolution du sport de la balle, depuis les temps reculés où les
Romains l'importèrent, presque simultanément, en Grande-Bretagne et
en France, jusques et y compris la grande scission de la « Football
association » en 1865 .
C'est qu' à l'origine, le jeu de
ballon, tel qu'il était pratiqué par les rudes gars des
Cornouailles ou des Galles, était un véritable combat d'enragés.
On le jouait de village à village, des maisons éloignées de
plusieurs milles servant de buts ennemis, où la balle devait être
portée par l' équipe victorieuse. Nulle autre restriction, nulle
autre tactique ; tout était permis. C'étaient de véritables
batailles rangées, où les membres cassés ne se comptaient plus, où
l'on voyait les équipiers s'assommer mutuellement pour s'emparer du
ballon, se livrer à de véritables chasses à l' homme par monts et
par vaux, sauter les murs, renverser les haies, employer des ruses
d'apaches ou des brutalités de nègres pour arriver au but.
Après cette préhistoire de football, encore bien proche de nous
pourtant, on vit le jeu de ballon pénétrer dans les grandes écoles
anglaises comme délassement, et par suite, se policer un peu ;
chaque école ou à peu près avait codifié à sa façon la
distraction favorite en bannissant les coups trop dangereux et les
corps à corps trop sauvages ; il y avait le mode de Cambridge, celui
de Westminster (Londres), celui d'Eton, etc.
Plus tard, le
succès du football s'affirmant considérable, on songea à créer
une réglementation unique pour toute l' Angleterre . Mais alors les
difficultés commencèrent.
Chacun voulut imposer son code
particulier ; deux écoles notamment étaient très opposées, celle
de Rugby , qui tenait à conserver au jeu son allure
indépendante primitive, en lui gardant fidèlement son caractère de
lutte énergique, et celle de Cambridge, où l'on repoussait tout
mode de jouer autre que le pied .
L'on n' arriva pas à
s'entendre, et de là sont nées les deux grandes méthodes actuelles
de football, le rugby et l'association. Pour les véritables
amateurs de balle, il n'est pas d'autre mode que le mode de rugby
où l'homme donne tous ses moyens pour arriver au but, où il y a
une véritable défense physique, un corps à corps désespéré, et
peut-être n'ont-ils pas tous les torts, ceux qui appellent un peu
dédaigneusement l'association le « jeu des manchots ».
On a reproché, et l'on reproche encore au football rugby sa
brutalité ; ce reproche est apparemment justifié : il arrive
fréquemment des accidents. Il ne faut pas, toutefois, s' en exagérer
l'importance, car depuis qu'on a institué le tenu et supprimé
les arrêts par les coups de pied sur le tibia, l' on ne peut plus
dire que le rugby soit un jeu véritablement brutal il est violent,
et c' est ce qui en fait le charme. Quant aux accidents, ils sont
beaucoup plus rares en réalité que les accidents de bicyclette par
exemple, mais à l'instar de ce qui se passe pour l'automobile, on
leur fait souvent une publicité trop spéciale .
Le
Livre des sports athlétiques et des jeux de plein air, rédigé par
un groupe de spécialistes sous la direction de M. Henry Claremont.
Cricket, football Association, football Rugby, golf, hockey, tennis,
boxe, escrime, lutte, aviron... Éditeur : P.
Roger (Paris) 1910
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Bas-relief lanceur de disque et lanceur de javelot (?), Institut d’éducation physique de l’Université de Paris, 1 rue Lacretelle, Paris XVe ardt, 1937. |
LE LANCEMENT DU DISQUE
Cet exercice consiste à lancer
aussi loin que possible un disque en bois, cerclé de fer, du poids
de 1 kil. 972 gr., en s'aidant d'un élan pris dans un carré de
2m,50 de coté et surélevé de 10 centimètres.
Le
vêtement. — Le vêtement du lanceur de disque comporte un
maillot, une culotte courte, une paire de bas attachés au-dessous du
genou et une paire de souliers légers dont les semelles sont munies
de barrettes en cuir pour empêcher l'athlète de glisser au moment
où il prend son élan.
L'entraînement. — La
pratique du lancement du disque demande aux adeptes de ce sport une
certaine force musculaire et, surtout, une grande souplesse des
reins. L'athlète dont la longueur des bras sera en proportion d'une
haute taille est naturellement doué pour arriver à un bon résultat.
Toutefois l'entraînement est absolument nécessaire à celui qui
veut réussir, car le bon résultat d'un jet dépend beaucoup plus de
la façon dont on a su prendre son élan que de la force dépensée.
![]() |
" Le Lanceur de disque " bas-relief de Louis Sajous, Beffroi de Montrouge, Hauts-de-Seine, 1933. |
Il est deux façons de prendre son élan. La première
consiste à se placer contre un côté du carré et parallèlement à
celui-ci, les deux pieds séparés d'environ 40 centimètres, le
poids du corps reposant aux trois quarts sur la jambe droite. Il faut
alors bien assurer le disque dans la main droite, en écartant les
doigts de façon à avoir la plus grande et la meilleure prise
possible, et imprimer au bras droit un balancement de haut en bas ou
un mouvement horizontal qui donnera un certain élan : le bras gauche
suivra le mouvement, et la main gauche, posée sur le disque, ne
servira qu'à le maintenir dans la main droite. Quand ce balancement
aura imprimé au bras droit un élan suffisant, il faudra
s'enlever sur la jambe gauche pour se recevoir au milieu du carré et
continuer en pivotant sur la jambe gauche pour laisser aller le bras
droit de tout l'élan acquis dans un plan qui fera décrire au disque
une trajectoire suffisamment tendue afin que la hauteur du jet ne
soit pas au détriment de sa longueur.
La seconde manière de
prendre son élan, que l'expérience a démontrée plus profitable,
consiste, après s'être placé au départ comme il vient d'être
décrit, à exécuter dans le carré une volte complète, le bras
droit tendu, et à laisser aller le disque au moment où l'on arrive
sur le côté du carré d'où est mesurée la longueur du jet.
FRANTZ REICHEL .
Les sports modernes
illustrés : encyclopédie sportive illustrée (813 gravures) /
publiée sous la direction de MM. P. Moreau et G. Voulquin,... ;
introduction de M. Abel Ballif, 1905-1906, Moreau,
P.. Éditeur scientifique
![]() |
" Golfeuse ", bas-relief 2 Villa Poirier, Paris XVe ardt, par Georges Petit (1879-1958), vers 1934. |
LE GOLF
Le golf est un des jeux
les plus agréables et les plus hygiéniques ; il exige le concours
de tous les muscles, mais sans provoquer les efforts brusques et
déréglés qu'entraînent d' autres jeux de plein air ; aussi
convient-il à tout le monde et particulièrement aux jeunes gens
dont la constitution physique ne s'accommoderait pas, par exemple,
des violents efforts musculaires qu'exige le jeu de football. Ce qui
rend principalement le jeu de golf si attrayant, c'est qu'il
constitue un exercice aussi bien pour l'esprit que pour le corps. Le
jugement qu'il faut apporter dans la manière de frapper la balle,
dans le choix de la crosse ou club, dans l'utilisation du terrain, fournit à l'esprit autant d'activité, que l'exécution des coups et
les marches et mouvements qu'ils exigent, en fournissent au corps.
Le Livre des sports athlétiques et des jeux de plein air, rédigé par un groupe de spécialistes sous la direction de M.Henry Claremont. Cricket, football Association, football Rugby, golf,hockey, tennis, boxe, escrime, lutte, aviron... Editeur :P.Roger (Paris) 1910
LE GOLF
Le golf,
qui, depuis sa récente apparition en France, a pris une grande
extension, est un sport d'origine écossaise. Il offre le précieux
avantage de pouvoir être également pratiqué par les personnes de
l'un ou de l'autre sexe. L'exercice qu'il procure est un des plus
complets et des plus hygiéniques que l'on puisse recommander.
Vêtements et accessoires. — Le costume du joueur de golf
est ordinairement composé d'une culotte de cycliste, d'une chemise
de flanelle, d'un veston assez ample pour ne gêner aucun des
mouvements du torse et des bras, de bas de laine et de souliers
découverts ou montants, suivant l'état de sécheresse ou de
l'humidité du terrain.
La joueuse de golf emploiera le
costume qu'elle jugera le plus favorable à la pratique de son sport
de prédilection.
Les joueurs et les joueuses doivent être
munis d'un certain nombre d'instruments appelés crosses.
La
crosse est une sorte de canne terminée par une spatule en bois ou en
acier. C'est au moyen de la crosse que l'on frappe la balle.
Il
y a plusieurs modèles de crosses, chaque modèle étant établi pour
frapper avec plus d'efficacité la balle dans les diverses positions
où elle peut tomber, étant donnés les accidents du terrain. Nous
reproduisons ci-contre les principaux modèles de crosses qui portent
les noms de : niblick, iron, cleek, putter (spatules en acier)
; driver, brassie (spatules en bois).
Cet attirail est
complété par une petite balle en gutta-percha.
Chaque joueur
est accompagné d'un cadet. Le cadet n'est
ordinairement autre qu'un gamin qui est chargé de porter les crosses
de son maître, pour lui donner celle qui lui convient ; son rôle
consiste encore à suivre de l'œil la trajectoire de la balle Pour
la retrouver et éviter au joueur la faute d'une balle perdue ;
enfin, seul, il a le droit de conseiller son maître et de se placer
de façon à lui indiquer comment il doit diriger ses coups.
Le terrain. — La pratique du golf exige un terrain d'une
grande étendue; il faut, au minimum, une dizaine d'hectares. Le
terrain de golf se nomme links.
Sur le links un
certain nombre de trous sont creusés à des distances irrégulières.
Ces trous, au nombre de 9 ou de 18, sont disposés suivant la
configuration du sol. Si le links est très vaste, les trous
peuvent être disposés circulairement, mais cela n'est pas une règle
absolue. Les trous sont séparés par des hazards. Les
hazards sont des obstacles naturels, tels que rivières, haies,
taillis, murs peu élevés, barrières, etc. Chaque trou est profond
de 10 centimètres environ et est constitué ordinairement par un
petit auget en métal avec, au fond, un dispositif pour favoriser
l'écoulement de l'eau. Un drapeau aux couleurs du club en indique
l'emplacement; la distance qui sépare les trous varie entre 100 et
500 mètres.
Autour de chaque trou existe une partie de terrain
soigneusement entretenue et, à quelque distance, un autre endroit
nommé tertre, ou point de départ. C'est entre ce point de
départ et les trous que se trouvent les accidents de terrain.
CHARLES GONDOIN.
Les sports modernes illustrés
: encyclopédie sportive illustrée (813 gravures) / publiée sous la
direction de MM. P. Moreau et G. Voulquin,... ; introduction de M.
Abel Ballif, 1905-1906, Moreau, P.. Éditeur
scientifique
LA LUTTE
En plein XIXe siècle,
alors que les sports n'avaient pas encore été aussi favorisés
qu'ils le sont de nos jours pour combattre le surmenage intellectuel,
la lutte resta dédaignée dans les classes un peu élevées. On n'a
jamais pu d'ailleurs expliquer ce mépris pour un exercice aussi
salutaire. question de snobisme peut-être? En effet, peu pratiquée
dans les gymnases, la lutte n'évoquait forcément que le seul lieu
où elle était en honneur : la baraque foraine!
C'est
pourquoi, en France principalement, la lutte subit des crises
passagères. En Russie et en Suisse, où les exercices athlétiques
jouissent de longue date d'une faveur considérable, les gymnases
sont assidûment fréquentés par des personnes de la meilleure
société, qui ne dédaignent pas de s'initier aux secrets des
multiples et vigoureuses prises du combat à bras-le-corps.
Ainsi, les Suisses, et plus particulièrement les gymnastes de ce
pays, sont ceux qui ont le plus fidèlement conservé à la lutte son
caractère naturel. Dans leurs rencontres, ils s'étreignent où ils
peuvent, sans la moindre précaution, mais ils évitent toutefois,
autant que faire se peut, les prises susceptibles de causer à
l'adversaire une souffrance quelconque.
C'est donc dire que
les crocs-en-jambe, les prises de jambe et bien d'autres coups
encore, que certains esprits sportifs se refusant à voir employer,
sont autant d'atouts reconnus bons pour gagner..En un mot, cette
lutte veut sans ambages la mise à terre de l'un des deux
partenaires. Elle est, chez les Suisses, le véritable sport
national. Mais il n'y a pas que chez eux qu'elle est ainsi,
pratiquée, et nous allons rapidement l'examiner dans les différents
pays où elle fut et reste plus ou moins en honneur.
En
Angleterre, en Allemagne, en Autriche, en Italie et en Amérique, la
lutte fut de tout temps plus ou moins connue, plus ou moins prisée.
En Turquie, aux Indes, au Japon et en Perse, on peut dire qu'elle ne
chôma jamais. Dans ces pays, en général, la diversité des
pratiques employées n'empêcha point que celles-ci découlèrent
toujours d'une lutte mère appelée lutte libre.
![]() |
" La Lutte " bas-relief de Louis Sajous, Beffroi de Montrouge, Hauts-de-Seine, 1933. |
LA
LUTTE LIBRE
Ainsi que son nom l'indique, cette
lutte est entièrement dénuée de conventions. Elle est l'expression
même de l'esprit de combativité naturel chez l'homme. Elle naquit
avec le monde, mais depuis elle a. subi des transformations qu'amena
la recherche de la difficulté pour en faire un jeu d'adresse et de
force; c'est pourquoi il convient de l'appeler lutte mère.
Elle donna naissance à des manières différentes, adéquates aux
mœurs des pays.
La lutte au caleçon, dite lutte
suisse. — N'oublions pas de citer cet autre mode de combat
athlétique connu sous le nom de lutte au caleçon, ou lutte
suisse, et qui est pratiqué plus particulièrement par les
pâtres de l'Oberland, de l'Unterwald, de l'Uri, etc.
La
lutte au caleçon constitue un exercice des plus pittoresques ;
les bergers et aussi les gymnastes suisses s'y adonnent en de grands
concours où chacun combat uniquement pour la gloire de faire
triompher les couleurs de son canton.
Ces lutteurs sont poussés
par un amour-propre indescriptible ; ils s'entraînent pendant de
longues semaines, à l'approche d'une de ces épreuves. Les prix les
plus importants de ces concours ne sont autres que des couronnes de
papier rappelant celles que l'on distribue aux enfants à la fin de
l'année scolaire.
La lutte au caleçon est avant tout un
exercice de force. Les deux adversaires en présence sont revêtus,
en plus de leur costume, d'un caleçon de grosse toile à voile dont
la forme rappelle un peu celui des coureurs à pied. Ces caleçons
sont terminés, tant à la ceinture qu'aux deux extrémités, par
d'épais bourrelets susceptibles d'offrir une prise permettant à la
main d'étreindre. Dans chaque action, le lutteur doit saisir son
adversaire par la ceinture d'une main, et par l'une des jambes de
l'autre main; ainsi en garde, les deux hommes sont face à face et
cherchent à se soulever réciproquement pour se jeter ensuite
violemment sur le sol. Les prises et les enlacements de jambes
sont
de jeu tout comme dans la lutte libre. Il n'importe pas, pour être
victorieux, que les deux épaules de l'adversaire aient touché terre
; il suffit tout bonnement de terrasser son antagoniste, et je vous
prie de croire que le pâtre helvète ne s'entoure pas précisément
de délicates précautions pour accompagner l'adversaire à terre,
afin d'atténuer les effets de la chute.
(...)
LA
LUTTE GRÉCO-ROMAINE
« De la tête à la ceinture »,
comme on dit à la fête, telles sont, résumées en peu de mots, les
conventions primordiales qui régissent la lutte gréco-romaine.
Toute prise au-dessous de la ceinture entraînerait la
disqualification des lutteurs qui se départiraient de ces règles.
La lutte gréco-romaine est un dérivé de la lutte .libre,
à laquelle on a apporté des règles conventionnelles. Rien de plus
juste que de dire que la lutte gréco-romaine est à la lutte libre
ce qu'est l'escrime du fleuret à celle de l'épée, où les touches
comptent sur toutes les parties du corps.
La grande
extension donnée à la lutte en France date du premier championnat
qui fut organisé, sur l'initiative du Journal des sports, en
1898, au Casino de Paris. Les athlètes de tous pays, dont le fameux
Pytlasinski, entre autres, se mesurèrent dans ce premier grand
tournoi, qui fut gagné par notre champion national Paul Pons, ainsi
que les suivants.
Paul Pons, dénommé le « bon géant»
mesure lm,97 ; il est doté d'une force prodigieuse; sa haute stature
rend toute tentative de prise de taille impossible à un adversaire
de dimension moyenne. De plus, le géant Paul Pons possède, comme
peu d'hommes de sa génération, la science de la lutte; à la
douceur il allie la finesse, mais si son antagoniste s'avise de faire
le méchant, du mouton qu'il est Paul Pons devient un lion d'une
combativité sans égale.
(…)
Le costume.
— Le costume de lutteur est des plus simples : il se compose d'une
culotte ou d'un caleçon en jersey appelé « collant » retenu à la
taille par une coulisse ou par une ceinture en étoffe appelée «
trousse ».
Il faudra autant que possible éviter la ceinture
de cuir, qui pourrait dans les enlacements trop violents blesser
l'adversaire.
Les chaussures sont facultatives ; ainsi Paul
Pons lutte toujours en bas, tandis que des lutteurs tels que Raoul le
Boucher, Pytlasinski et Hackenschmidt, le Lion russe, se chaussent
pour lutter de souliers de gymnastique.
Le torse et les bras
restent nus; il est toujours recommandé aux lutteurs de se couper
les ongles très courts : dans leur intérêt d'abord, puisqu'ils
éviteront ainsi de se les retourner ; dans l'intérêt de leurs
adversaires ensuite, qu'ils ne craindront pas de griffer dans le
courant de l'assaut.
ARMAND LUSCIEZ.
Les sports
modernes illustrés : encyclopédie sportive illustrée (813
gravures) / publiée sous la direction de MM. P. Moreau et G.
Voulquin,... ; introduction de M. Abel Ballif, 1905-1906,
Moreau, P.. Éditeur scientifique
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" La Natation " bas relief de Louis Sajous, Beffroi de Montrouge, Hauts-de-Seine, 1933.
LA NATATIONLa natation ( swimming ) est à la fois un sport utile et agréable ; son utilité, il n'est pas nécessaire de la faire ressortir, mais son agrément est, par contre, trop souvent méconnu. Et pourtant, il est bien peu de jouissances accordées à notre « moi » physique qui dépassent la délicieuse sensation de se jouer au sein d' une eau limpide ou de subir la caresse un peu brutale du flot. L'homme cependant est moins favorisé que l'animal : à peu près seul de la création, il se noie infailliblement s'il se trouve jeté à l'eau sans éducation spéciale, et l'explication en est fort simple : alors que le corps de l'animal est constitué de façon telle, que dans l'eau la bête conserve la même position naturelle que sur la terre ferme, la structure de l'homme, au contraire, se prête mal à un auto-équilibre dans l'eau ; la station verticale, la tête lourde, l'inaptitude des membres inférieurs à servir de rames ou palettes, tout concourt à défavoriser l'humaine créature. C' est par la connaissance de l'art spécial de la natation que celle-ci saura flotter et progresser correctement au sein d'un liquide. Avant que de pénétrer dans la technique de la natation, quelques mots concernant le lieu et l'heure les plus favorables . Incontestablement, l'heure des ébats aquatiques se place de préférence entre dix et deux heures, au plus fort du jour ; toutefois, dans la saison estivale, alors que le soleil darde de façon importune, il sera préférable de reporter l'heure du bain au soir, avant le dîner. Cette pratique est certainement préférable à celle qu' adoptent certains nageurs amis de l'aurore, car à la chute du jour l'eau réchauffée, est toujours agréable, et, en outre, la baignade agit comme un stimulant énergique de l'appétit et un tonique préparateur de longues nuitées de sommeil. Il va sans dire que l'on ne doit se jeter à l'eau que deux heures pour le moins après l'ingestion d' une nourriture substantielle, bien qu'il n'y ait aucun danger à se baigner après un biscuit trempé dans le vin ou une croûte hâtivement cassée sur le pouce. Un préjugé moins connu, mais tout aussi fâcheux au point de vue hygiénique, est la peur que possèdent certaines personnes de se baigner si elles sont en sueur, ou si seulement elles ont un peu chaud ; beaucoup se déshabillent et se « refroidissent » avant de prendre eau : c' est là une pratique qui conduit tout droit à la bronchite, alors qu'il n' y a aucune espèce de danger à plonger « chaud », même en pleine sueur. Ceci dit passons à l'ultime recommandation de l'apprenti nageur, la plus importante, et aussi la plus difficile à obtenir chez le débutant, à savoir : ne pas craindre l'eau. Cette peur terrible, et, il faut le reconnaître, instinctive, est la cause de toutes les catastrophes : le corps humain, lorsqu'il est maintenu dans telles attitudes où son centre de gravité n'est pas trop au-dessous de la ligne de flottaison, flotte naturellement à la surface. La plus facile de ces attitudes consiste à tenir les jambes naturellement inclinées au fil de l'eau, les bras et la tête étant renversés vers l'arrière ; si les personnes qui tombent à l' eau et ne sachant pas nager avaient la présence d' esprit, au lieu de se débattre, c'est - à - dire de déplacer rapidement leur centre de gravité, de prendre cette position, qui, nous le répétons, est toute naturelle, elles pourraient attendre les secours en toute confiance. Donc, « savoir flotter » est l'essentiel ; le mouvement des bras et des jambes se greffera ensuite sur ce premier modus vivendi . A l'eau . – La première chose à faire est de se mouiller complètement et rapidement, pour éviter tout le cortège de sensations désagréables, thermiques et respiratoires, qui affectent l'hésitant enfonçant précautionneusement son corps millimètre par millimètre ; si vous avez les premières fois une hésitation, fort légitime, à foncer brusquement dans l'élément liquide jusques et y compris la tête, mouillez -vous par une aspersion en règle, mais surtout, que tout cela soit rapidement expédié !
LE PATINAGE
LE SKI C'est en Norvège qu'est né ce merveilleux patin ; mais sa renommée universelle ne date guère que de la performance accomplie en 1888 par Nansen sur l'interminable « inlandsis » groenlandais ; c'est grâce à l'emploi du ski que cet explorateur put traverser en quarante-six jours la terre glacée, d'une mer à l'autre. Quelques auteurs attribuent à cet engin une origine asiatique et voient dans un large patin servant actuellement aux Tschuktsches l'ancêtre du ski ; cela est très douteux car l'appareil en question est bien plutôt une raquette. D'ailleurs le ski existe en Scandinavie depuis un temps immémorial et les plus anciennes légendes de ce pays en font mention.
Aujourd'hui, grâce aux efforts et à l'activité du Dr Payot, Chamonix est le principal centre français. En Autriche, en Suisse, sur toute l'étendue de la chaîne alpine, le nouveau sport est de plus en plus pratiqué. En maintes localités il devient positivement populaire, et des courses annuelles provoquent une heureuse émulation chez les jeunes montagnards, qui abandonnent leur précédente vie de marmottes pour se fréquenter de village à village, quelle que soit l'abondance des neiges ; c'est l'hygiène du grand air remplaçant l'étouffante promiscuité d'hiver dans les chalets. Avec le ski, plus de villages bloqués, plus de malades privés de médicaments; c'est en outre la fréquentation de l'école possible en tout temps. En Allemagne et en Autriche, des facteurs, gardes-chasse, forestiers, bûcherons, utilisent le nouveau patin ; certains médecins de campagne font de même et s'en félicitent.
Le lawn-tennis, qu'il ne faut pas confondre avec le tennis des Anglais, qui est la courte-paume française, est un jeu comparativement jeune puisqu'il date seulement de 1873.
Le sphairistike du major Wingfield eut une diffusion rapide aux Indes, d'où il fut introduit en Angleterre. Le nouveau jeu venait à son heure. Plus intéressant-que le croquet, qui était alors en grande vogue, permettant des efforts plus athlétiques en même temps qu'il était accessible aux femmes, le sphairistike fut pratiqué avec succès à Wimbledon sur les pelouses du AU England Croquet Club et acquit bientôt une popularité toujours croissante. Chaque groupe de joueurs appliquait des règles particulières, et les cours affectaient les formes et les dimensions les plus bizarres. Un comité de sportsmen, amateurs de paume, en majorité membres du Marylebone Club, se réunit en 1875 et élabora des règlements qui modifièrent le jeu. Le sphairistike prit le nom de lawn-tennis (littéralement, « paume sur pelouse »). PAUL CHAMP.
LE TENNISC'est un jeu similaire au vieux jeu national français de la longue paume. Jouée d'abord avec la main et avec une balle de liège, la longue paume fut importée plus tard en Angleterre, après l'invention de la raquette. Le premier code du tennis date de 1877, époque du premier championnat du All England Club. Il est tout d'abord nécessaire, pour jouer au tennis, d'avoir le terrain où sera tracé le cours. Ce terrain doit être très vaste, pour que les joueurs puissent courir aussi assez loin en dehors des limites du cours. Le cours doit mesurer 23 m. 80 sur 8 m. 26 de large ; la bordure extérieure doit être de 7 mètres au moins, à partir de la ligne du fond et de 4 mètres à partir de celle des côtés. La position du terrain doit être, si possible, du nord au sud, pour que le soleil y paraisse de façon égale. On peut jouer sur des cours de terre, de sable, d'asphalte, de ciment et de gazon. Les terrains de gazon sont assez pratiques et assez agréables pour le jeu, mais ils coûtent très cher à entretenir et ne peuvent servir que pendant quelques mois par an. Les terrains en asphalte ou en ciment sont durs au pied et glissants. Le meilleur terrain est certainement celui en terre battue. Défoncez le terrain à préparer pour le cours, à une profondeur de 20 centimètres environ, égalisez-le, puis couvrez-le de débris de plâtras, de briques et de calcaire sur environ 10 à 12 centimètres de hauteur. Écrasez alors cette couche et nivelez-la parfaitement, puis mettez par-dessus une seconde couche de boue. Roulez, aplanissez et recouvrez enfin de sable fin de fleuve, bien égalisé bien étendu et roulé lorsqu'il est humide. Le meilleur moment pour faire un cours est l'automne ; en effet, la pluie fait amalgamer les matériaux et rend le tout homogène.
Vase commémorant les Jeux Olympiques de 1924, Musée Carnavalet, Paris IIIe ardt.
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Hé ben dis donc quel boulot.... Bravo!
RépondreSupprimerJe suppose que tu as pris toi même les photos en arpentant Paris... Quelle recherche passionnante... Je ne suis pas sportive, mais ton sujet et original et étonnant...
Merci Marie!
RépondreSupprimerIl faut avouer que nous avons eu des sujets plus rares et avec plus de surprises dans ce blog, mais il était bon de réunir ces décos essentiellement années 30 afin de souligner le penchant pour le sport qu'a eu la société à cette époque. Oui des photos prises en arpentant Pantruche, qui nous réserve toujours un bout de rue inédit, une étrangeté à sonder. Merci de ta visite !