Maison dite Auberge Condorcet, 7 rue Chef de Ville, Clamart, Hauts de Seine
( Ce serait ici l'Auberge Crespinet où aurait été arrêté Condorcet, bien que celle ci ait été détruite selon certaines sources )
Où sont relatées la fuite jusqu'à Clamart et la mort de Marie Jean Antoine Nicole Caritat marquis de Condorcet, pendant la Terreur, à travers divers témoignages.
Chapitre CLXXXVIII.
Condorcet
Comme
la mort de Condorcet a causé une sensation universelle, on s'est
empressé d'en savoir les particularités. Voici ce qu'un témoin
oculaire m'a transmis. Arrêté à Clamars, dans un cabaret où la
faim l'avoit fait entrer, il fut conduit au comité du lieu ; car les
moindres bourgades avoient leurs comités de sans-culottes.
Interrogé, fouillé, il ne voulut jamais déclarer d'autre nom que
celui de Simon, ancien domestique. On ne lui trouva d'ailleurs aucun
papier, ni carte, ni passeport ; mais un Horace, sur les pages
blanches duquel il y avoit quelques lignes d'écrites au crayon, et
en latin ; ce qui fit dire fort spirituellement au membre du comité
qui l'interrogeoit : Tu nous dis que tu étois domestique ; mais je
croirois bien plutôt que tu es un de ces ci-devans qui en avoient,
des domestiques : Ce résultat de l'interrogatoire fut que le Quidam
seroit conduit au district du Bourg de l' Égalité (Bourg
La Reine, Ndlr), pour par lui être ordonné ce qu'il
appartiendroit. Transféré à pied au milieu d'une escorte armée,
le malheureux ne put aller plus loin que Châtillon, où il tomba de
défaillance et d’épuisement. On fut obligé d'emprunter le cheval
d'un vigneron de cette dernière commune, et il fut conduit au
district qui ordonna aussi-tôt son incarcération.
Plongé dans
un cachot humide, sans lit, sans nourriture, on l'y oublia pendant
près de 48 heures. Le surlendemain seulement de son entrée au
cachot, le gardien fut pour le visiter: il étoit étendu, sans vie,
sur le plancher.
Qu'est-il besoin après cela de se perdre en
conjectures sur la cause de sa mort ? La vérité est donc, que
l'infortuné n'avoit pas eu le temps d'achever son repas dans le
cabaret de Clamars, et qu'il est mort de faim dans son cachot,
surtout y étant entré déjà exténué de besoins ; et c'est
peut-être bien là aussi la raison pour laquelle cet évènement,
qui devoit naturellement faire du bruit, est resté secret jusqu'à
ce moment, et qu'on a fait naître depuis l'idée du poison.
Dans
le dernier entretien que j'eus avec Condorcet, je lui remis un
itinéraire pour le comte de Neuf Châtel, au moyen duquel il
pouvoit éviter Besançon, Pontarlier, et passer le Doubs. Condorcet
avoit prévu le règne de ces hommes de sang qui ont fait détester
la plus belle des révolutions, et qui lui ont imprimé leurs
caractères d'ineptie et de férocité. Les mêmes devoient bientôt
assassiner vingt-deux représentants du peuple, pour les punir de
leurs lumières, de leurs vertus, de leur courage, et surtout de la
connoissance qu'ils avoient des intrigues viles et criminelles que
les agents de l'étranger ourdissoient avec audace. Il n'est pas
étonnant que ces assassins calomnient leur mémoire ; mais tout ce
qu'on a dit d'eux et de Condorcet, va bientôt faire place à l'éclat
imposant et terrible de la vérité; et l'on verra qu'il n'y avoit ni
haute-trahison dans les uns, ni faiblesse dans le philosophe : l'on
verra que l'oppression inconcevable qui a pesé sur le peuple et sur
la Convention nationale, de son propre aveu, n'a laissé échapper
que les vertus et les actions qui auroient pu appartenir à un
Socrate, à un Platon, à un Penn ( William Penn, 1644-1718, Ndlr
) ; car eux-mêmes auroient été forcés, ou se seroient
condamnés au silence, au milieu de cette épouvantable détonation,
propre à tuer et le génie et la voix de la philosophie , et celle
du bon sens.
Que pouvoit alors la raison humaine? Rien.
On peut
lui reprocher cependant de n' avoir émis dans le procès de Louis
XVI qu'une opinion si indécise, si contournée, si embarrassée, que
chacun s'écria tout haut que le philosophe avoit parlé en véritable
enfant.
Condorcet, Lavoisier, n'ont pu trouver une cache ; le
dernier des Brutus s'est écrié : Vertu ! tu n'es qu'un vain nom !
ces deux hommes célèbres pouvoient adresser à l'amitié la même
mémorable apostrophe.
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Buste de Condorcet par Jean Antoine Houdon, Terre Cuite, Musée du Louvre
Les attentats du 31 mai, des 1er et 2
juin, lui rendront son énergie, et il se déclarera hautement contre
l'odieuse tyrannie des Robespierre et des Marat. Un nouveau Comité
constitutionnel est nommé, dont il ne fait point partie ; il ne
craint pas de démasquer l'incapacité de ses membres et de leur
reprocher publiquement de n'avoir modifié le premier projet
d'organisation sociale, celui auquel il avait contribué, que pour le
pervertir et le corrompre. Dénoncé, à ce propos, par l'ex-capucin
Chabot qui le traitait dans son acte d'accusation de scélérat,
d'infâme, d'académicien, comme ennemi de la Convention et mandé à
sa barre, il ne comparut point. Son arrestation fut décrétée ; ses
biens furent confisqués, et quelques jours après son nom figurait,
avec ceux de Brissot, de Valazé, de Gensonné, de Vergniaud , sur
une liste de conventionnels réputés coupables de conspiration
contre l'unité de la République, et, comme tels, condamnés à
mort. Cependant deux élèves de Cabanis, beau-frère de Condorcet,
et de Vicq-d'Azyr, leur ami commun, MM. Pinel et Boyer, qui ont
honoré l'un et l'autre, comme tout le monde le sait, l'art auquel
ils se sont voués, avaient assuré une retraite au proscrit. A leur
prière, une femme capable des sentiments les plus élevés et les
plus nobles, la veuve d'un sculpteur, proche parent des grands
peintres du même nom, Mme Vernet, qui tenait, rue Servandoni, n° 21, une maison habitée par des étudiants , le reçut chez elle et le
déroba, pendant huit longs mois, aux plus actives
recherches. Bientôt un décret, plus barbare que toutes les
mesures adoptées jusque-là, vint l'arracher à son asile : la peine
de mort était portée non plus seulement contre les proscrits, mais
encore contre ceux qui les accueilleraient et les recèleraient. «
II faut que je vous quitte, dit alors Condorcet à sa bienfaitrice ;
je suis hors la loi ; demeurer ici plus longtemps, c'est vous perdre
sans me sauver. » « Si vous êtes hors la loi, lui répondit-elle
, vous n'êtes pas hors l'humanité et vous resterez. » Mais
Condorcet n'aurait pour rien au monde consenti à compromettre ainsi
sa généreuse amie, et dans ce combat d'abnégation et de sacrifice
qui s'engageait entre elle et lui, il ne pouvait être vaincu. Il se
prépara donc non à partir, ce qu'on ne lui eût jamais permis, mais
à fuir. Le.5 avril 1794, il parvint à tromper la surveillance
organisée autour de lui par Mme. Vernet, et il s'échappa, sur les
dix heures du matin, en bonnet de laine et en veste, de la maison qui
le protégeait, comme on s'échappe d'un lieu funeste. Il espérait
trouver un refuge pour quelques jours aux environs de
Fontenay-aux-Roses, chez M. et Mme Suard auxquels, dans des jours
meilleurs, il avait donné mille preuves d'affection et de
dévouement. Cette ressource lui fut refusée. Il se jeta donc,
désespéré, dans les carrières abandonnées de Clamart, où
probablement il passa la nuit du 5, la journée et la nuit du 6, Dieu
sait avec quels projets et quelles espérances ! Le 7, la faim le fait
sortir de sa retraite ; il gagne le village voisin et entre dans un
cabaret pour y prendre quelque nourriture. Malheureusement l'avidité
avec laquelle il se jeta sur les aliments qu'on lui servit, la
finesse de sa peau qui contrastait si visiblement avec son
accoutrement grossier, un petit volume relié en maroquin, contenant
les Épîtres d'Horace, qu'il eut l'imprudence de tirer de sa poche
en y cherchant l'argent destiné à payer son repas , son embarras,
sa gaucherie , le firent remarquer et le trahirent. On l'arrête ; on
le conduit au Bourg-l'Égalité (l'ancien Bourg-la-Reine) où il est
jeté et oublié pendant vingt quatre heures dans une prison humide ;
le lendemain, lorsque le geôlier entra dans son cachot pour l'en
tirer, il n'y trouva qu'un cadavre. Condorcet, selon toute apparence,
s'était empoisonné. Il était âgé de 50 ans 6 mois et quelques
jours
Condorcet, Sa Vie et ses Œuvres, M. A. Charma, 1863.
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Maison de Mme Vernet où Condorcet recherché a trouvé asile, 15 rue Servandoni, VIe ardt
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Plaque sur la façade de la maison de Mme Vernet, 15 rue Servandoni, Paris VIe ardt
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Marie-Rose Boucher était (je crois)
native de Châteauneuf ( département des Bouches-du-Rhône ). Elle
épousa, jeune, Louis-François Vernet *, sculpteur, neveu de Carle
Vernet, père d'Horace Vernet. Tous deux, peu après leur mariage,
vinrent a Paris, ou Louis-François Vernet mourut, ne laissant pas
d'enfants. Mme Vernet était propriétaire d'une maison rue
Servandoni, n° 24 ( n° 26, rectifié ensuite ), qui n’était
composée que de plusieurs petites chambres qu'elle louait (non
garnies. - R.), séparément, très souvent a des étudiants en
médecine. Cette maison, quand tout était loué, pouvait
rapporter 2,500 francs. MM. Pinel et Boyer avaient logé dans cette
maison et connaissaient intimement Mme Vernet. Lors de la
prescription de Condorcet, en juillet 1793, MM. Pinel et Boyer, qui,
par Vicq d'Azyr et Cabanis, connaissaient Condorcet, demandèrent à
Mme Vernet si elle voudrait cacher un proscrit : « Vertueux ?
Dit-elle. - Oh! oui,vertueux, reprirent-ils. - Qu'il vienne !...
» - Je crois le lendemain, vers le soir, Pinel et Boyer amenèrent
Condorcet chez Mme Vernet, qui le reçut ainsi sans savoir son nom.
Elle installa Condorcet dans sa modeste chambre, et ce ne fut qu'en
reconduisant Pinel et Boyer qu'ils lui dirent le nom de
Condorcet. Depuis juillet 1793 jusqu'en avril 1794, Condorcet
resta chez Mme Vernet. Elle ne voulut jamais à cette époque, ni à
aucune autre, rien accepter de Condorcet, de sa veuve, ni de sa
fille, sous quelque forme ou sous quelque prétexte que ce soit. Elle
eut pour lui les soins de la plus tendre mère, nom que Condorcet lui
donnait familièrement, dont elle était fière et heureuse. Mme
Vernet m'a souvent répété que lui demandant, à mon père, ce
qu'il ferait à ses prescripteurs si leur sort était entre sa mains,
la réponse fut : « Tout le bien que je pourrais. »
Écrit par sa fille, Mars
1841 (* 29 janvier 1744, 6 décembre 1744)
Condorcet, Sa Vie, Son Oeuvre, ouvrage Collectif.
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Maison dite Auberge Condorcet,vue satellite, 7 rue Chef de Ville et 10 rue Pierre et Marie Curie, Clamart, Hauts de Seine
( Ce serait ici l'Auberge Crespinet où aurait été arrêté Condorcet, bien que celle ci ait été détruite selon certaines sources )
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Témoignage de Mme Vernet, cité par la fille de Condorcet, Eliza : ( Sans date, de 1825,je crois )
«
Ma bien chère Éliza, « La notice de l' illustre M. de
Condorcet est remplie d'erreurs. Celles-ci sont fausses et
grossièrement fausses. Les Girondins périrent cinq mois avant la
sortie de ton infortuné père …
C'est moi, accompagnée de
M.Sarret et Marcoz, qui lui annonça, par ma triste contenance,
l'assassinat de ses collègues. Il tenait un papier où il écrivait
à demi-marge les Progrès de l'esprit humain. Il était
assis sur une grande bergère, ses jambes allongées devant le feu,
car il était frileux. Il appuya sa tête sur ma poitrine, en
pleurant la perte de ses amis, et c'est ce jour de malheur qu'il me
dit : « Je serai hors la loi et vous aussi, Il faut que je
sorte » - « Non. vous resterez le Comité de salut public met
hors la loi, mais Il ne met pas hors de l'humanité.. " « Il
resta cinq mois après ce jour fatal, et ce ne fut que le 5 du mois
d'avril qu'il m'échappa, par la ruse de la tabatière, accompagné
de mon bon Sarret. Le cri de la pauvre Manon [sa portière et
servante] sur cette fuite imprévue, me tint plus de quatre heures
presque sans mouvement. L'arrivée de ce bon Sarret, à moitie mort,
m'apprit qu’il l'avait quitté à la porte de ce monstre Suard...
Et c'est à dix heures et demie du matin, toujours le 5 avril, qu'il
partait. Ils s'embrassèrent en serrant leurs cœurs contre et avec
promesse de rentrer le 7 du même mois, en renouvelant le secret
vis-à-vis de tous les initiés. J'en ai trop long à dire, la
poitrine me fait mal. « Adieu, mon enfant chérie. » -
« On a voulu servir Suard eu disant : « Il ne trouva
pas cet ami. » Dieu, quel ami ! … Garat sait qu'il le trouva,
et l'histoire le sait : ce livre latin qu'il lui prêta, ton portrait
qu'il laissa, et promesse de rentrer à la brune par la porte du
jardin. Je l'ai visitée, cette porte inhospitalière...
Toi,
qui vivais tant pour Sophie, Pour ton enfant, pour son
bonheur, Viens m' inspirer, ombre chérie... Porte tes accents
dans mon cœur, Viens effacer de ma pensée L'affreux souvenir
d'un Suard, Qui mit ta belle destinée Entre les aléas du
hasard.
« L'illustre victime de Suard sortit de son
paradis. C'est lui-même qui appelait son réduit de ce nom.
Il en sortit le 5 du mois d'avril, et non de mars, pour y rentrer le
7 du même mois. Ils s'échappèrent en cachette de moi, M. Sarret et
lui... les cris d'épouvante de Manon me firent presque sauter de
l'escalier en bas avec une grande tabatière a la main, que mon
vertueux, mon vénéré ami, m'avait demandée. Ils avaient parlé
latin pour aller à la barrière du Maine voir s'il fallait des
cartes pour sortir. Ce mystère m'occupait, mais la promesse de ma
victime semblait sacrée pour ne pas sortir avant la nuit. Voilà ce
qui me fit obéir pour monter prendre la boite. « Oui, chère
fille, cet homme incomparable, ton malheureux père, sortit de la
maison après dix heures bien sonnées, accompagné de M. Sarret,
avec un beau soleil... Ils mirent quatre heures pour arriver |jusqu'à
l'entrée de Fontenay-aux-Roses... Ils se reposèrent souvent en
route ; ton pauvre père avait de la peine à marcher, par l'habitude
d'être toujours enfermé. lls se serrèrent leurs cœurs l'un contre
l'autre, en mettant leurs mains tous deux l'une dans l'autre :
après-demain nous nous reverrons ! - « Tu ne pourras pas
lire ma dernière où je dis que nos chers voyageurs se dirent :
après-demain... « Le secret de la rentrée de notre ami
devait être ignoré de tous les initiés...Les trois portes de face,
la cochère, celle de la boutique, celle du couloir, restèrent
ouvertes tout contre, huit nuits... » … Il est certain que
ce fut la faim qui fit enter mon père dans un cabaret, car le grand
nombre d'œufs en omelette qu'il demanda le fit remarquer. N'ayant
pas de passeport, on l'arrêta et le mena en prison à
Bourg-la-Reine. Questionné, il dit s'appeler Simon (je croie bien
qu 'il se dit charpentier), né a Ribemont le 17 septembre 1743,
et qu'on lui objecta que la peau de ses mains prouvait qu'il n'était
pas charpentier. On le mit en prison. Le lendemain, le geôlier le
trouva mort. Depuis longtemps, Il portait sur lui un poison,
préparation concentrée d'opium.
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Dans
cette gravure satirique relatant les évènements du 17 juillet 1791,
Condorcet est représenté par une des jeunes femmes jouant du cor à
l'arrière de la tribune. Il défendait la nouvelle république américaine
avec La Fayette. Le nouveau maire de Paris tente de garder l'équilibre entre la Nouvelle Constitution et le projet de République des Girondins dont Condorcet fait partie.
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Procès-Verbal d'Arrestation de Pierre
Simon (CONDORCET) (27 mars 1796.)
( Nous maintenons
l'orthographe du procès-verbal, dressé dans la sacristie de
l’Église de Clamart, où Caritat comparut devant le comité de
Surveillance ; ce bâtiment a disparu lors des démolitions
nécessitées par l'agrandissement de l'Église. L'auberge de Louis
Crépinet a été également détruite. (Renseignements fournis à M.
Émile Antoine, par M. le maire de Clamart.)
Ce jourd'hui 7
germinal de l'an IIe de la République française une et indivisible,
le comité assemblée en la salle de ses séances ordinaires, ou
estant sont compâru sur les deux heures de relevee les citoyens
Claude Champy et François Breau, de cette commune, tous deux
cultivateurs, lesquelles nous ammennent un quidam munis d'une canne
de bois d'épine, dans laquelle il y a un dart et pomme d'acier,
qu'il nous déclara s'appeller Pierre Simon, native de Ribmont,
district de Saint-Quentin, département de Lesne (l’Aisne.- R.),
âgé de cinquante ans à ce qu'il nous dit, déclarant avoir quitté
son pays depuis 20 ans, et depuis lesquelle tems il dit avoir servi
différentes personne, comme le ne Trudaine, intendant des finances,
et Dionise du Séjour, conseillier au ci-devant parlement de Paris,
en qualité de valet de chambre, qu'il a quitté depuis vingt mois a
Paris ; lui demandé où il a resté depuis les vingt mois qu'il a
quitté Dionise du Séjour, nous déclare qu'il a vécu sur ses
épargnes à Paris, rue de Lille, section de la Fontaine de Grenelle,
n° 505, où est sa demeure actuelle depuis vingt mois; lui demandé
s'ils connoisaient quelqu'un dans ladite maison. Il nous dit
connoitre le citoyen Cardeau, copistre et receveur des rentes de la
ville de Paris, demeurant dans la même maison, nous déclarant avoir
oublié chez lui sa carte de la section de Grenelle ; et a
déclaré être sorti hier sur les sept heures du matin de Paris, où
il dit avoir parcouru plusieurs villages, comme Bagnieux,
Chatillion, où il a couché cette nuit dernière, mais nous
déclarant ne connoitre l'aubergiste, et ce matin il est allé à
Fontenay pour voir Desnouville, qu'il dit connoitre, et ne l'ayant
pas trouvé, il est venu à Clamart le vignoble, ou estant arrivé il
a été boire chopine chez le citoyen Louis Crépines ( Crépinet. -
R. ), cabaretier en ce lieu. Les membres du comité en ayant été
averty se sont transporté che led citoyen Crepines, d'où ils ont
fait venir ledit Pierre Simon au comité de surveillance pour y
recevoir sa déclaration. Lequel nous dit qu'il parcouroit la
campagne pour trouver de l'ouvrage au travail de selpetre ou à faire
autre chose, nous déclarant netre pas marié ; en conséquence
de n'ayant put nous exhiber aucun certificat de civisme ni de
résidence. Voyla ce qu'il nous dit toutes sa déclaration et a
signé.
Signalement du nommé Pierre Simon.De
la hauteur de cinq pieds cinq pouces six lignes, cheveux chatin,
front découvert, les yeux gris, bouche moyenne, nez aquilin, menton
rond, visage rond et plain marqué de petite vérole, et un signe au
dessus de l’œil droit.
Signé : Pierre
Simon
En conséquence du présent procès-verbal
cî-deussus. le comité de surveillance arrete : comme ledit
Pierre Simon nayant put nous donner aucun certificat quelconque qui
constatent son civisme, au contraire lui a paru tres suspect, nous
avons arrêté qu'il seroit conduit cejourd'huy par la gendarmerie
nationale au district du directoire de légalité (Bourg-Égalité,
Bourg-la-Reine. - R. ), pour par eux en ordonner ce qu'il
appartiendra. Lesdits jour, mois et an comme dessus, signés:
Després, Languedoc, Laplace, Carré, François. Langot, Battar,
Chatellié, secrétaire. ( La désignation ci-contre des effets
trouvés sur M. de Condorcet n'est point insérée dans le
procès-verbal, mais est mise en marge par note ) :
Nota. -
Ayant fouillé ledit Pierre Sinon, nous lui avons trouvé sur lui une
monte d'argent eguille d'or marquant heure et minute, seconde,
cantieme et semaine, la boite estant marqué d'un G garnie dune chene
dascier, garnie de sa clé de cuivre et un petit cachet d'acier,
horloger Mayer a Paris,1789, un porte creon en argent, un rasoire a
manche d'ivoire, un couteau a manche de corne et son tire bouchon,
une petite paire de ciseaux. Declare avoir acheté sa montre il y a
quatre ans à Paris chez le nommé Grimoire, rue St. Avoye, près la
rue du Plâtre. Un livre dorace en latin et a signé Pierre
Simon. Lesquelles effet mentionné au présent proce verbal remis
au citoyen Maille, brigadier de la gendarmerie nationale de
Chatillion qui s'en est chargé pour les remettre au Directoire du
district de l'égalité avec le présent proce verbal et le mandat
damener lesdits jour et an comme dessus.
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Arrière de la maison dite Auberge Condorcet, 10 rue Pierre et Marie Curie, Clamart, Hauts de Seine
( Ce serait ici l'Auberge Crespinet où aurait été arrêté Condorcet, bien que celle ci ait été détruite selon certaines sources )
Acte de Mort de Condorcet (Archives
municipales de Bourg-la-Reine )
« Aujourd'hui, dixième
jour de germinal mil sept cent quatre-vingt-treize ( Pour 1794. Cette
erreur existe sur les deux registres de l'état civil, à Paris et à
Bourg-La-Reine ) (30 mars 1794), l'an deuxième de la République
française, à deux heures après midi, par devant moi, Jean-Marin
Auboin, membre du Conseil général de la commune Égalité, élu le
trente-un décembre mil sept cent quatre-vingt-onze, pour recevoir
les actes destinés à constater les naissances, mariages et décès
des citoyens en la maison commune, ont comparu Edmé-Laurent Cholot ,
jardinier, âgé de cinquante ans, domicilié en ladite municipalité
de l’Égalité, Jean Cretté, menuisier âgé de vingt-sept ans,
demeurant également en ladite municipalité de l’Égalité,
lesquels Edme-Laurent Cholot et Jean Cretté ont été témoins «
Il appert qu'un individu détenu dans le maison d'arrêt de la
commune de l’Égalité et écroué sous le nom de Pierre Simon (
Les noms sont barrés sur les originaux et en marge on lit la même
note de rectification qu'au procès-verbal d'arrestation ), a été
trouvé dans sa chambre mort par l'effet d'une apoplexie sanguinaire,
ainsi qu'il résulte du rapport du citoyen Labrousse, officier de
santé, expert du district ; appert, en outre, que la délivrance
dudit cadavre masculin a été fait par le juge de paix à l'agent
national près la commune de l’Égalité, pour par lui pourvoir à
son enlèvement et à son inhumation au champ de repos do ladite
commune de l’Égalité, en présence desdits citoyens qui sont
Edme-Laurent Cholot et Jean Cretté, et ont signé avec moi, en
ladite maison commune, les jour, mois et an ci-dessus « B-N.
Coursaux, Agent-national. « J. Cretté, E.-L.Cholot. « J.-M.
Aubouin, officier public. »
Condorcet, Sa Vie Son Œuvre, Ouvrage Collectif.
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