jeudi 28 octobre 2010

Borne Second Empire









Borne en pierre- 58 Avenue Henri Ravera- Bagneux- Hauts de Seine


Annales des Ponts et Chaussées
Routes impériales et départementales. -Adoption d'un système uniforme de bornage.
Circulaire N° 5 (Aux Préfets).
M. le préfet, la plupart de MM. les inspecteurs divisionnaires des ponts et chaussées ont été frappés de la diversité des dispositions adoptées par MM. les ingénieurs pour la forme et les inscriptions des bornes kilométriques ou hectométriques placées sur les routes impériales et départementales. Ces dispositions changent non seulement d'un département au département voisin, mais souvent aussi dans les arrondissements d'un même département. Il importe de faire disparaître cette bigarrure, que rien ne justifie.
L'utilité du bornage kilométrique et hectométrique ne saurait être mise en doute. Ce bornage donne aux ingénieurs les moyens de préciser les détails du service, tels que les ordres aux conducteurs, piqueurs et cantonniers, les états d'indication pour la distribution des matériaux, les renseignements statistiques; en un mot, il permet d'obtenir une surveillance exacte de toutes les parties des chaussées et de leurs dépendances.
Le bornage doit en outre donner aux voyageurs des renseignements sur leurs marches et sur les distances qu'ils parcourent entre les villes traversées par les routes. C'est surtout pour parvenir a ce dernier résultat que le besoin d'uniformité se fait le plus vivement sentir.
L'adoption d'un système uniforme mettra d'ailleurs un terme aux changements que chaque ingénieur prenant possession d'un service se croit le droit de faire subir au système exécuté par son prédécesseur. Cependant, quelque désirable que soit l'uniformité dont il s'agit, il doit être expressément entendu que les instructions qui vont suivre seront appliquées là seulement où il y aura de nouvelles bornes à établir, et que partout où le bornage est complétement fait, il doit être maintenu tel qu'il est.
Sous cette réserve expresse, monsieur le préfet, et après mûr examen de la question, j'ai décidé, sur l'avis du conseil général des ponts et chaussées, qu'il y a lieu d'adopter, pour le bornage des routes impériales et départementales, les dispositions suivantes:
Emplacement des bornes. - 1° Les bornes kilométriques et hectométriques seront placées sur la gauche de la route.
2° Sur les routes d'une largeur de 10 mètres et au-dessus, chaque borne sera posée sur la crête extérieure de l'accotement ou du trottoir, ou enfin sur la banquette de sûreté des portions de route en fort remblai.
Sur les routes d'une largeur inférieure à 10 mètres, les bornes seront posées sur la crête extérieure du contre-fossé pour les parties de route en plaine; dans le talus de la tranchée pour les portions de route en déblai; enfin sur la banquette de sûreté pour les parties en fort remblai.
Forme des bornes kilométriques et hectométriques. - La forme et les dimensions des bornes kilométriques et hectométriques seront celles indiquées et cotées sur les spécimens des fig. 1 et 5 du dessin joint à la présente circulaire.



Numérotage des bornes. -Le numérotage kilométrique d'une route sera fait par département traversé et à partir de la borne départementale, limite supérieure, sans tenir compte des emprunts qu'elle peut faire à d'autres routes ou parties de route.
Pour avoir la longueur totale de la route dans le département, on fera inscrire sur le compartiment droit de la borne départementale, limite inférieure, le numéro de la dernière borne kilométrique, suivi de la fraction métrique exprimant la distance entre ces deux bornes.
Inscriptions. - 4° Pour les routes impériales ayant leur origine (au parvis Notre-Dame) à Paris, on admettra les inscriptions telles qu'elles sont figurées et cotées au spécimen, fig. 2, du dessin.
5° Pour les routes ayant leur origine dans une ville ou une commune importante, et ne traversant qu'un seul département, on adoptera le spécimen, fig .3.
6° Enfin pour les routes ayant leur origine hors du département, ou bien s'embranchant dans le département sur une route en rase campagne, on adoptera le spécimen, fig. 4.
Bornes hectométriques. - 7° Pour les bornes hectométriques le spécimen unique sera celui donné par la fig. 5.
Matériaux à employer dans la confection des bornes. - Les bornes kilométriques ou hectométriques seront, autant que possible, exécutées en pierre très-dure du pays. Cependant, en l'absence de pierre dure, on pourra employer le bois (chêne, charme ou hêtre) injecté de sulfate de cuivre.
Dans l'un ou l'autre cas, la partie hors terre des bornes sera peinte à l'huile sur trois couches et en couleur blanche; les lettres des inscriptions seront ensuite soigneusement rechampies en couleur noire.
Inscriptions pouvant varier dans les premiers temps. - Les inscriptions pouvant varier, telles que :
1° La distance des bornes Paris (au parvis Notre-Dame), face principale; spécimen, fig. 2;
2° Les distances aux villes voisines sur les faces latérales;
3° Enfin les cotes de niveau du socle au-dessus de la mer. Ces diverses cotes seront provisoirement peintes en noir; elles ne seront incrustées dans la pierre ou le bois que lorsque les ingénieurs auront acquis la certitude qu'elles ne pourront plus varier.
Observations. -Je ne terminerai pas, monsieur le préfet, sans recommander de nouveau, de la manière la plus formelle, de n'appliquer les dispositions qui précèdent qu'aux nouvelles bornes à établir sur les routes, et de conserver les anciennes partout où il en existe. L'administration doit avant tout s'abstenir de dépenses qui ne sont pas indispensables.
Je vous prie de m'accuser réception de la présente circulaire, dont j'adresse une ampliation à MM. Les ingénieurs en chef d'arrondissement.
Le ministre des travaux publics,
P. MAGNE.



En face du 52 rue de Châtenay- Antony-Hauts de Seine
Coté Gauche



En face du 52 rue de Châtenay- Antony-Hauts de Seine
Côté droit.


Plus de Bornes: C.F.P.P.H.R.




dimanche 24 octobre 2010

Bourbonneux




Enseigne d'un revendeur Bourbonneux. 14 rue Monge, Paris Ve ardt.







Champfleury

Ce que M. Lavertochère entendait par plaisirs de la campagne se résumait en un pâté de la maison Bourbonnneux et la société de deux employés de son bureau, MM. Vergavaine et Confident, sans lesquels il n'était pas de bonnes fêtes.
-- Confident, le pâté ! s'écria M. Lavertochère d'un ton de détresse semblable à celui qu'il eût employé pour recommander son âme à Dieu. Hélas! Vergavaine et Confident avaient disparu, poussés dans une direction contraire par les curieux affolés. Lui aussi, le pâté, disparut sous les pieds de la foule, réalisant trop bien le caractère de "fondant" que lui avait attribué le pâtissier Bourbonneux. Celui qui n'a pas assisté à un pareil spectacle se rendra compte difficilement des désastres que peut causer la température révoltée.





Enseigne d'un revendeur Bourbonneux. Partie gauche,14 rue Monge, Paris Ve ardt.






Marcel Proust
" A l'ombre des jeunes filles en fleurs", 1918

Vous me devez une compensation pour n'être pas venue jeudi dernier... Allons, rasseyez-vous un moment. Vous ne ferez tout de même plus d'autre visite avant le dîner. Vraiment vous ne vous laissez pas tenter ? ajoutait Mme Swann et tout en tendant une assiette de gâteaux : Vous savez que ce n'est pas mauvais du tout ces petites saletés-là. Ça ne paye pas de mine, mais goûtez-en, vous m'en direz des nouvelles. -- Au contraire, ça à l'air délicieux, répondait Mme Cottard, chez vous, Odette, on n'est jamais à court de victuailles. Je n'ai pas besoin de vous demander la marque de fabrique, je sais que vous faites tout venir de chez Rebattet. Je dois dire que je suis plus éclectique. Pour les petits fours, pour toutes les friandises, je m'adresse souvent à Bourbonneux. Mais je reconnais qu'ils ne savent pas ce que c'est qu'une glace. Rebattet pour tout ce qui est glace bavaroise, ou sorbet, c'est le grand art. Comme dirait mon mari, le nec plus ultra.





MES MÉTIERS III CHEZ BOURBONNEUX

Le certificat d'apprentissage obtenu, le petit ouvrier pouvait se placer, mais il y fallait de la chance. Nous connaissions des histoires d'ouvriers réduits à manger des carottes ramassées dans les ruisseaux des Halles. La liberté devient terrible à qui n'y peut loger que sa misère. Les apprentis de la maison Laborde n'enduraient pas cette épreuve de chercher, puisque le patron les plaçait. Il vint à connaître, par une conversation des fruitiers de la rue de Beaune, rapportée au chef Louis Dubois qui avait conservé des relations dans le quartier Saint-Germain, que je me plaignais, mais pas plus que les autres, de crever de faim.
A un de mes voyages annuels dans ma famille, je revis M. Dupré, le si probe chef de cuisine qui avait été cause de mon apprentissage aux Ternes. Les fruitiers ayant écrit à mon père que j'étais mal nourri, M. Dupré me dit en parlant de M. Laborde : « Je lui enlève mon estime puisqu'il ne se souvient plus qu'il a été ouvrier. »
Cette opinion, à laquelle prenaient part des hommes qui tous tenaient de grandes places dans le métier, gêna le père Arthur qui, malgré les services que je lui rendais au four, me libéra quatre mois avant la fin de mon apprentissage, en me donnant un excellent certificat et une place chez Bourbonneux, place du Havre ; car il lui était impossible de mettre son premier apprenti sur le pavé de Paris.
Mon amour des livres et ma manie de lire à la lueur du four me faisaient passer pour un garçon étrange, anormal dans la profession ; mais comme j'accomplissais bien ce qu'on me commandait, on ne m'adressait que quelques railleries.
Comme je n'avais jamais abîmé la marchandise, le patron me devait une honorable sortie. Il s'en acquitta méchamment, me rédigea un honorable certificat, mais dit au patron de chez Bourbonneux qu'il devait me dresser et se méfier de moi.
J'eus un jour de congé. Je m'en allai seul à travers Paris, misérable dans l'oisiveté à laquelle je n'étais pas habitué. Pour la première fois depuis deux ans, mes heures m'appartenaient. Embarras énorme. Je ne savais qu'en faire. La servitude du travail quotidien, porter la manne sur la tête où tenir la pelle au four me rendaient maintenant malheureux de ne rien faire. Ce fut une des plus tristes journées de ma vie. Je ne pouvais revenir à ma maison d'apprentissage ; mon temps y était fini depuis la veille. Je ne pouvais aller chez Bourbonneux, on ne m'y attendait que le lendemain.

Quelle énergie il a fallu aux gens des métiers, liés par leurs habitudes professionnelles, pour accomplir les premiers gestes de citoyens libres ! Abruti par deux années de rude servitude, je cherchais ma chaîne. Elle manquait à mon cou pelé.
J'éprouvais la crainte de ma nouvelle place : serais-je capable d'y réussir ? Mais quel désir d'y entrer vivement, de me réemprisonner dans le métier !
Muni de mes habits de travail et de mes couteaux, j'arrivai le lendemain matin place du Havre et me trompai de boutique, tant j'étais ému. Je pénétrais dans une boulangerie qui avait des gâteaux dans sa devanture. Une jeune fille à qui je dis que je venais travailler s'étonna, sourit et m'enseigna gentiment la bonne porte. Nous étions tellement accoutumés à la rudesse que ce sourire de femme me fut comme une lumière. Épuisé par la journée d'inquiète liberté usée sur les quais de la Seine à regarder couler l'eau ; je sentis soudain la possibilité de la joie parce qu'un être humain m'avait tenu sous la douceur de ses yeux. Ce ne fut qu'un instant, et je sortis de cette boutique où je n'avais rien à faire qu'à prendre un grand regret sur un joli visage.
Chez Bourbonneux l'accueil fut sévère : « Voilà la forte tête ! » Le beau Frédéric, homme de quarante ans, à rouge figure de bon bouffeur, trônait dans la caisse patronale à côté de Mme Beurre et Œufs son épouse, fille d'un gros marchand de la rue Coquillière. La coquetière de Paris et l'ancien cuisinier de Londres menaient bien cette riche boutique où l'on vendait une abondante marchandise. La joie de la maison était Paulin, qui remplissait le rôle aimable de copain du patron.






Enseigne d'un revendeur Bourbonneux. Partie droite, 14 rue Monge, Paris Ve ardt.






La revue littéraire, 1932

En revanche, les honnêtes femmes qui vont à pied, et même les piétons de l'autre sexe, en prenaient beaucoup moins à leur aise avec les voitures traînées par des chevaux qu'ils ne font présentement avec les automobiles, parce qu'ils savaient qu'on n'arrête pas comme on veut même une rosse qui trottine sous elle. Quand un collignon ou le prince Troubetskoï leur criaient :« Hep ! » ils s'empressaient de se garer, ils ne répondaient pas : "Assassin !". Les cochers de fiacre eux-mêmes n'avaient sujet d'insulter que leur client, s'il leur donnait pour une heure moins de cinquante centimes de pourboire. Encore cette circulation de la rue du Havre était-elle intermittente. On ne l'observait que le matin aux heures d'arrivée, le soir aux heures de départ des trains de maris. Les après-midi étaient souvent mornes, surtout l'été. Les bonnes gens qui n'ont aucune connaissance en météorologie disent qu'il n'y a plus de saisons. Je suis porté à le croire, parce que j'ai un lointain souvenir d'hivers beaucoup plus rigoureux et surtout d'étés beaucoup plus ardents ; mais c'est peut-être parce que ma jeune sensibilité était moins blasée, moins indifférente aux impressions du froid et du chaud. Somme toute, je ne crois pas dur comme fer que notre climat se soit dérangé, mais je dois décrire mes souvenirs exactement tels qu'ils se représentent à moi ; eh bien, il me souvient de jours d'été si lourds que l'on avait à peine le courage de se traîner jusque chez Bourbonneux pour s'y bourrer de gâteaux en sortant de table, avant d'aller en classe ; et ces jours-là, vraiment la rue du Havre était aussi déserte que les rues des petites villes d'Italie aux heures où l'on ne voit dehors que les chiens et les Français.





Paul Léautaud
"Journal Littéraire", Samedi 10 mai 1947

J'ai encore trotté pas mal tantôt pour cette ancienne lampe en porcelaine coloriée que je me suis mis en tête de m'offrir. Été explorer le quartier rue de Clichy, rue Pigalle, rue La Bruyère, rue N.-D.-de-Lorette et la vieille petite rue Saint-Lazare, si pittoresque autrefois. Toutes ces rues étaient pleines autrefois, de magasins d'occasions, d'antiquités, de marchandes à la toilette. Tout cela complètement disparu. Ce qui pullule actuellement, ce sont les marchands de chaussures. Dans chaque rue, de trois en trois magasins : chaussures, tantôt modestes : hommes et femmes, tantôt femmes seulement. J'étais furieux d'avoir quitté ma tranquillité de Fontenay pour ce résultat.
Au retour, rentré un instant à la librairie Monnier. Présent le poète fantaisiste Jacques Prévert, qui s'est fait un nom en si peu de temps. A en juger par ses propos, il doit être originaire de Draguignan ou environs. A noter ce propos de Maurice Saget [sic] comme nous parlions démocratie et que j'exprimais mon antidémocratisme et mon avis sur la nécessité des grandes fortunes, auxquelles il reproche de ne pas faire circuler leur argent : "Tout homme devrait naître pauvre."
La pâtisserie Bourbonneux, place du Havre, avec en montre des gâteaux (?) à 200, 300 frs.





jeudi 21 octobre 2010

Lave de Volvic. 2 : Saint-Vincent-de-Paul





"La Trinité" de Jules Jollivet, 1843. Façade de l'église Saint-Vincent de Paul, Xe ardt.
Signatures du peintre et de l'émailleur


Où la technique toute nouvelle de la peinture sur lave est décrite, et où l'on s'attend à son prompt succès

dimanche 17 octobre 2010

Le zouave Jacob



Le zouave Jacob. Cimetière de Gentilly, XIIIe ardt, Paris

Où le Zouave Jacob tombe sur un os

lundi 11 octobre 2010

Lave de Volvic. 1 : Mortelèque




Façade du 9 rue Fénelon, Xe ardt. Atelier Gillet

Où Ferdinand Henry Mortelèque prend place dans le cortège des grands émailleurs