Siège parisien de la compagnie d'assurances "Le Nord". 22, rue Le Peletier, IXe ardt. |
Où les représentants d'une compagnie d'assurance apprennent à terroriser l'humanité dans le noble but de la sauver
21. L'utilité de l'assurance n'a pas
besoin d'être démontrée : pour quiconque réfléchit, elle
est incontestable ; mais, comme tant d'autres vérités, elle
n'a pas encore été généralement comprise en France, puisque,
aujourd'hui même, après trente années d'existence, l'assurance
couvre à peine le quart des valeurs assurables.
22. D'où vient dans les esprits cette indifférence, nous dirons presque cette insensibilité, pour un préservatif si facile, si peu coûteux, contre l'un des fléaux les plus désastreux et les plus irrémédiables dont l'humanité soit affligée ?
23. Chez les uns, c'est la simple ignorance qui ne demande qu'à être éclairée ; pour d'autres c'est cette routine obstinée qui repousse, sans examen, tout bienfait de la civilisation et du progrès, ou bien, c'est l'aveuglement de l'avarice, ou bien ce sont les préventions.
24. Votre premier devoir, Messieurs, dans votre propre intérêt, dans l'intérêt de la compagnie, et (ce qui est plus noble et plus généreux), dans l'intérêt de l'État, dans l'intérêt même de l'humanité, votre premier devoir, disons nous, est de faire connaître l'assurance.
25. Vous travaillerez dans votre intérêt, puisque, plus la connaissance, le goût et l'usage des assurances seront répandus, plus vous aurez à récolter, pour votre part, dans ce champ aux trois quarts inculte, et pourtant si vaste et fertile.
(…)
27. Vous travaillerez dans l'intérêt de l'État, en allégeant le poids si lourd des secours que le gouvernement, le département, la commune, la charité publique et la charité privée se voient, chaque année, obligés d'allouer aux victimes imprévoyantes de l'incendie. C'est ce que vous devez vous appliquer à faire comprendre aux fonctionnaires publics, et particulièrement aux autorités municipales, aux conseils généraux et aux préfets, pour qu'ils vous secondent dans votre œuvre de propagande.
28. Vous travaillerez dans l'intérêt de l'humanité, en coopérant à conjurer ces catastrophes domestiques qui portent la misère dans la famille, le malaise et la perturbation dans la société, et paralysent le commerce, l'agriculture et l'industrie ; vous travaillerez dans l'intérêt de l'humanité, parce que l'assureur, non seulement cicatrice des plaies affreuses, mais aussi parce qu'il vient au secours du crédit en facilitant, en garantissant les transactions, en vivifiant, en un mot, toutes les affaires.
(…)
33. N'oublions pas que, depuis quelque temps, le feu, que nos ancêtres tiraient péniblement du choc des cailloux, le feu, qui ne faisait dans nos ménages et dans nos industries que de rares et courtes apparitions, est maintenant à l'état de permanence partout et à portée de tous. C'est le feu qui nous donnes nos fils, nos toiles, nos draps, tous les produits manufacturés ; c'est le feu qui nous emporte d'un bout du monde à l'autre ; le feu est à la pipe, au cigare, qui sont à toutes les bouches ; l'allumette chimique est dans toutes les poches, est dans toutes les mains, et vous pouvez voir avec quelle incurie, quelle imprudence on use de cet instrument d'embrasement si permanent, si subit, si multiplié. Aussi, le nombre des incendies va-t-il augmentant chaque jour dans une proportion effrayante.
34. Ainsi, Messieurs, le fléau de l'incendie est sans cesse suspendu sur nos têtes, et c'est à vous qu'il appartient de ne pas le laisser perdre de vue, afin qu'on puisse l'écarter.
35. Vous devez présenter souvent le tableau des angoisses et de la misère qui suivent l'incendie ; vous peindrez les regrets amers de ces malheureux, que l'imprévoyance, l'avarice ou les préventions avaient éloignés de l'assurance, et qui maintenant tendent la main à la charité, épuisée par tant d'autres misères, et pleurent sur des cendres, du sein desquelles il n'a tenu qu'à eux de faire surgir de nouvelles richesses.
(…)
22. D'où vient dans les esprits cette indifférence, nous dirons presque cette insensibilité, pour un préservatif si facile, si peu coûteux, contre l'un des fléaux les plus désastreux et les plus irrémédiables dont l'humanité soit affligée ?
23. Chez les uns, c'est la simple ignorance qui ne demande qu'à être éclairée ; pour d'autres c'est cette routine obstinée qui repousse, sans examen, tout bienfait de la civilisation et du progrès, ou bien, c'est l'aveuglement de l'avarice, ou bien ce sont les préventions.
24. Votre premier devoir, Messieurs, dans votre propre intérêt, dans l'intérêt de la compagnie, et (ce qui est plus noble et plus généreux), dans l'intérêt de l'État, dans l'intérêt même de l'humanité, votre premier devoir, disons nous, est de faire connaître l'assurance.
25. Vous travaillerez dans votre intérêt, puisque, plus la connaissance, le goût et l'usage des assurances seront répandus, plus vous aurez à récolter, pour votre part, dans ce champ aux trois quarts inculte, et pourtant si vaste et fertile.
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Siège parisien de la compagnie d'assurances "Le Nord". 22, rue Le Peletier, IXe ardt. |
27. Vous travaillerez dans l'intérêt de l'État, en allégeant le poids si lourd des secours que le gouvernement, le département, la commune, la charité publique et la charité privée se voient, chaque année, obligés d'allouer aux victimes imprévoyantes de l'incendie. C'est ce que vous devez vous appliquer à faire comprendre aux fonctionnaires publics, et particulièrement aux autorités municipales, aux conseils généraux et aux préfets, pour qu'ils vous secondent dans votre œuvre de propagande.
28. Vous travaillerez dans l'intérêt de l'humanité, en coopérant à conjurer ces catastrophes domestiques qui portent la misère dans la famille, le malaise et la perturbation dans la société, et paralysent le commerce, l'agriculture et l'industrie ; vous travaillerez dans l'intérêt de l'humanité, parce que l'assureur, non seulement cicatrice des plaies affreuses, mais aussi parce qu'il vient au secours du crédit en facilitant, en garantissant les transactions, en vivifiant, en un mot, toutes les affaires.
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33. N'oublions pas que, depuis quelque temps, le feu, que nos ancêtres tiraient péniblement du choc des cailloux, le feu, qui ne faisait dans nos ménages et dans nos industries que de rares et courtes apparitions, est maintenant à l'état de permanence partout et à portée de tous. C'est le feu qui nous donnes nos fils, nos toiles, nos draps, tous les produits manufacturés ; c'est le feu qui nous emporte d'un bout du monde à l'autre ; le feu est à la pipe, au cigare, qui sont à toutes les bouches ; l'allumette chimique est dans toutes les poches, est dans toutes les mains, et vous pouvez voir avec quelle incurie, quelle imprudence on use de cet instrument d'embrasement si permanent, si subit, si multiplié. Aussi, le nombre des incendies va-t-il augmentant chaque jour dans une proportion effrayante.
34. Ainsi, Messieurs, le fléau de l'incendie est sans cesse suspendu sur nos têtes, et c'est à vous qu'il appartient de ne pas le laisser perdre de vue, afin qu'on puisse l'écarter.
Plaque de métal peint de la compagnie d'assurance P.M.A. Début du XXe siècle. Musée Carnavalet |
35. Vous devez présenter souvent le tableau des angoisses et de la misère qui suivent l'incendie ; vous peindrez les regrets amers de ces malheureux, que l'imprévoyance, l'avarice ou les préventions avaient éloignés de l'assurance, et qui maintenant tendent la main à la charité, épuisée par tant d'autres misères, et pleurent sur des cendres, du sein desquelles il n'a tenu qu'à eux de faire surgir de nouvelles richesses.
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38. Et pour prévenir tant et de si grands malheurs privés et publics, pour n'avoir plus à redouter, sinon la perte, du moins l'ébranlement de sa fortune, pour dormir tranquille en un mot, que faut-il faire ? Par quels sacrifices faut-il acheter ce repos, si doux au cœur du père de famille ?
39. Donnez-moi quelques francs, quelques centimes, dit l'assureur à l'assuré, et je vous donnerai mille francs !.... N'est-ce pas quelque chose de merveilleux ? Qu'est-ce donc, suivant les fortunes, qu'une dépense annuelle de cinq, dix, vingt, cent francs même ? Pour les uns, ce n'est pas l'équivalent d'une dépense au cabaret, au café ; pour d'autres, ce n'est pas l'équivalent d'un billet de spectacle ou de concert, d'une toilette de bal, d'une perte au jeu, d'un meuble inutile, de la moindre fantaisie.
(…)
Plaque de métal estampé de la compagnie d'assurances Le Nord. |
286. La police d'assurance est ordinairement accompagnée d'une plaque. La plaque n'est pas obligatoire ; néanmoins, vous insisterez auprès de l'assuré pour qu'il en prenne une ; d'abord, dans l'intérêt de la compagnie, parce que l'affixion des plaques la fait connaître et la recommande dans les localités où elle n'est pas encore connue ; ensuite, dans l'intérêt même de l'assuré, pour lequel elle est comme une sauvegarde contre la malveillance d'une inimitié personnelle, qui s'abstiendra d'un crime, quand elle verra que ce crime ne saurait préjudicier qu'à la compagnie. La plaque est, en outre, pour l'assuré, en cas d'incendie, une garantie de secours prompts et dévoués, car les pompiers, sachant que leur dévouement est ordinairement récompensé par les compagnies d'assurances, se portent vers les maisons qu'une plaque témoigne être assurés, avec bien plus d'empressement que vers celles qui ne le sont pas.
Le Nord, compagnie anonyme d'assurances générales à prime fixe contre l'incendie : Instructions générales à Messieurs les représentants de la compagnie. Lille, 1849.
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