Bacchus, plâtre. Env. 1815. Cour de l'Hôtel Titon. 58 rue du Faubourg Poissonnière, IXe ardt. |
Où les citoyens mouleurs, oubliés dans la loi protégeant le droit d'auteur, s'émeuvent des copies infâmes des surmouleurs, véritables corsaires habitués à vivre de proie et de butin...
Pétition des citoyens—mouleurs tendant a obtenir Ie bénéfice de la loi du 19
juillet 1793 sur la propriété artistique, an II
Citoyens
Représentants
La loi du 19
juillet qui garantit la propriété des auteurs d’écrits,
compositeurs de musique, peintres et dessinateurs, a omis Ies
sculpteurs et Ies mouleurs. C‘est cette omission que nous venons
vous prier de réparer.
Le moulage est
a la sculpture ce que l'art typographique est à la littérature,
c'est lui qui multiplie les productions du ciseau. L‘art du mouleur
n'exige ni les dons du génie, ni les talents de l'imitation, ni
l’étude de la nature. Ce n'est que par des procédés mécaniques
qu'il parvient à reproduire les empreintes de tous les genres de
sculpture. Mais ce mécanisme est difficile et demande une longue
expérience. Le moulage d‘une figure exige aussi des avances de
temps, de soins et d’argent assez considérables.
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Cependant, à
peine un mouleur a t-il mis au jour quelques exemplaires de la figure
dont le sculpteur lui aura cédé le droit de moulage, qu'une race de
frelons s'empare de sa propriété. Nous parlons de ces surmouleurs,
véritables corsaires habitués a vivre de proie et de butin. lls se
saisissent d'un de ces exemplaires sur lequel ils font ce qu'on
appelle un surmoule'. Bientôt ils inondent la capitale et les
départements d’empreintes difformes et contrefaites, dégradent
par ces contrefaçons les ouvrages de l'art et par le rabais auquel
ils vendent décourage les entreprises des véritables mouleurs.
Depuis
longtemps les mouleurs gémissent de cette violation de propriété,
mais en réclamant leurs droits ils ont aussi l'avantage de plaider
la cause des sculpteurs.
Le statuaire
n'a pas toujours l'occasion de développer ses pensées en marbre ou
en bronze, le plâtre, matière moins belle et moins durable, lui
présente Ie moyen économique de les communiquer au public, d'en
trafiquer et de les reproduire en les multipliant. Si le statuaire.
comme il arrive souvent, fait les avances du moulage, il est
intéressé de même que les mouleurs a la répression de l’abus
que nous vous dénonçons.
Peut-être se
consolerait-il des pertes que ce brigandage lui fait éprouver si son
honneur ne se trouvait encore compromis par l'inhabileté de ces
ignorants qui, non contents d'exercer impunément Ieur trafic de
piraterie, semblent prendre à tâche de déshonorer les fruits de
leur rapacité. Sous leurs mains avides et barbares, les chefs
d'oeuvres même de l’Antiquité, ces monuments devenus le code des
proportions de la nature et des principes du Beau, travestis,
mutilés, violés, estropiés de toutes les manières possibles, ne
présentent plus au bout de quelque temps que des traductions
mensongères propres a égarer le jeune étudiant et méconnaissables
même aux maîtres de l’art.
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Nous
laisserons a ceux-ci le soin de vous développer avec plus d‘énergie
le tort que les arts et les artistes reçoivent de ce genre de
brigandage. C'est un bonheur pour nous que notre cause ait pu se lier
à la leur.
Mais il doit
nous suffire de vous avoir montré un ancien abus échappé a la
hache de la Révolution, de vous avoir dénoncé une manifeste
violation de propriété pour que nous espérions de vous la
protection que des citoyens patriotes industrieux et laborieux n'ont
jamais réclamée en vain auprès de vous.
Bacchus, plâtre. "Maison des antiques", 5, avenue Aristide Briant, Antony, Hauts-de-Seine. |
Nous demandons
que la loi du 19 juillet 1793 soit applicable aux ouvrages des
mouleurs, et que vous prononciez quelle peine ou quelles amendes
encourra le contrefacteur qui, sans avoir obtenu la permission du
propriétaire de statues ou de moules, sera surpris moulant, vendant
et colportant des ouvrages en plâtre. »
[Transcription]
de Arch. nat., F 17 1306 (dossier 1, piece 2250, 13 ventôse An ll /3
mars 1794).
Pièces
adressées ou renvoyées au Comité de l'Instruction Publique.
Texte tiré de L'atelier de moulage du Musée du Louvre : 1794-1928, de Florence Rionnet, 1996
Texte tiré de L'atelier de moulage du Musée du Louvre : 1794-1928, de Florence Rionnet, 1996
Bacchus (?), plâtre. Rue ouverte en 1852. Il semble qu'on ait substitué une ancre au thyrse pour faire de cette statue une allégorie de l'Espérance, une allégorie de la Charité lui faisant pendant. 17, rue Puteaux, XVIIe ardt. |
bonjour, qui est le sculpteur copié des bacchus de la rue d'ivry, et de la rue soufflot ?
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