vendredi 11 juillet 2014

Une théorie du genre




Mascaron. env. 1890




Où le docteur Jules Rengade décrit la femme au regard envoûtant et à l'exquise délicatesse, et où nous admirons, sans craindre l'accusation de harcèlement de rue, quelques jolies parisiennes







LIVRE III. L'ÊTRE ACCOMPLI.

Voilà donc, à travers des dangers, des périls sans nombre, l'être humain parvenu à son complet développement.
L'homme possède l'ardeur et la force ; la femme, la douceur et la beauté.
A quelque race qu'ils appartiennent, sous quelque climat qu'ils habitent, ils sont, à cet âge, irrésistiblement poussés l'un vers l'autre, et leur devoir, alors, est d'obéir à cette impulsion naturelle, de s'unir intimement pour transmettre l'existence qu'ils reçurent eux-mêmes de leurs générateurs et dont ils ne sont, véritablement, que les dépositaires. 
(...)
Absolument distincts par leur sexe, l'homme et la femme sont identiquement semblables au point de vue de l'organisation générale et de la structure intime des tissus.
Les grands appareils de nutrition, d'innervation et de relation présentent, chez l'un et chez l'autre, la plus parfaite analogie.
Mus par les mêmes ressorts, ils sont sujets aux mêmes troubles fonctionnels ; ils obéissent aux mêmes stimulants et sont sensibles aux mêmes influences. Aussi, sous ce titre, l'homme et la femme, étudierons nous d'abord les phénomènes de la vie communs aux deux sexes et l'action commune qu'exercent sur eux les divers agents modificateurs.
Cette connaissance acquise, nous pourrons aborder, avec fruit, l'étude des sentiments, des instincts, des passions de l'homme et l'analyse étendue que nous ferons alors de l'être moral, nous intéressera d'autant plus, qu'elle reposera tout entière sur ce que nous aurons appris déjà de l'être physique.
La troisième partie de ce même livre sera consacrée enfin, à l'union des sexes, à la physiologie du mariage, et l'adulte étudié dans l'acte suprême de son existence, nous suivrons, chez la femme, l'évolution de l'œuf humain, le développement du fœtus, les diverses phases de la grossesse, jusqu'à l'heure de délivrance où le premier cri de l'être nouveau dédommagera la jeune mère des atroces douleurs, de l'enfantement ! 



Mascaron de Paul Le Bègue, 1901. 15, rue Brown-Sequard, XIVe ardt.



I. L'HOMME ET LA FEMME.

Jusqu'à la fin de la première enfance l'homme et la femme ont, pour ainsi dire, mêmes formes, même caractère, mêmes pensées, mêmes désirs ; mais à mesure qu'ils grandissent on voit successivement s'accuser entre eux de frappantes différences et quand arrive la puberté, ces deux êtres qu'il eût peut-être été difficile de distinguer l'un de l'autre dans leur jeune âge, maintenant ne se ressemblent plus.
En quelques années, le rapide développement de l'appareil de la génération a considérablement modifié chacune de ces créatures et pourtant, en réalité, dans sa structure intime, ni l'homme ni la femme n'a changé.
Formés d'après un même plan, tous deux, à l'âge adulte, sont encore servis, en dehors de l'appareil sexuel, par des organes identiques et c'est à ce moment que leur corps se présente dans toute la perfection de sa forme, dans toute l'harmonie de ses fonctions.
Il suffit, alors, de jeter un regard sur l'ensemble de l'organisme humain, pour en découvrir aussitôt l'admirable agencement, pour en comprendre le merveilleux mécanisme.
(...)
Comparativement à celui de l'homme, le corps de la femme, dans ses détails et son ensemble, est plus petit, plus frêle, plus délicat ; mais cette réduction de volume est excellemment compensée par la grâce et la beauté supérieure des formes.
La taille, chez la femme, est moins haute, les membres plus courts, la poitrine d'une capacité plus restreinte, malgré l'apparente largeur que lui donnent, extérieurement, la proéminence de la gorge et la voluptueuse rondeur des mamelles.


Cariatide. Bronze (merci au commentateur éclairé) Fonte des fonderies
Durenne, 1879. 48, rue des Petites écuries, IXe ardt.



L'opposition, cependant, est particulièrement prononcée au niveau du bassin, qui, dès la puberté, doit être capable de contenir l'utérus gravide ; mais le développement des hanches et le volume des cuisses, loin de nuire à l'harmonie des proportions, constitue, au contraire, une des plus séduisantes beautés du corps féminin.
Le visage de la femme diffère considérablement, aussi, de celui de l'homme, par l'absence de toute production pileuse, par la fraîche coloration du teint, par la finesse et la douceur des traits qui, chez quelques jeunes personnes, à l'âge de la nubilité, présentent, véritablement, un charme inexprimable. 



Mascaron. Fin du XIXe s. 1, place de l'Alma. XVIe ardt.


 
Et ce n'est pas seulement la pureté des lignes, la teinte rosée des tissus, qui donnent à la jeune femme tout pouvoir sur le cœur de l'homme. Le sourire, la voix, le regard de la superbe créature, sont encore ses plus puissants moyens de séduction et bien malheureux, alors, celui qui ne se prend pas à ce mystérieux chef-d'œuvre d'esprit et de chair, à cette sublime combinaison de matière et d'intelligence!
La suprême force de la femme est dans ses yeux. Il s'en échappe des éclairs fascinateurs qui dans un seul regard troublent l'homme le plus fort et soudain captivent son âme. Une sorte d'effluve magnétique s'en dégage parfois et donne le vertige. Il est des yeux de jeunes filles, comme l'ont constaté tous les poètes, que l'on ne peut interroger sans être aussitôt saisi du tournoiement que l'on éprouve en présence d'un abîme, d'un gouffre où l'on craindrait de se noyer. N'est-il pas admirable, que la nature ait donné à la femme, en compensation de sa faiblesse relative, cette immatérielle et formidable puissance du regard?



Mascaron. 1898. 30, rue Lacépède, Ve ardt.
 

A la délicatesse extérieure du corps féminin, correspond un moindre volume des viscères et des organes profonds.
Le cerveau, dans son ensemble, est moins volumineux que celui de l'homme ; mais ses lobes postérieurs sont plus larges, si ses lobes antérieurs sont plus étroits ; et cette conformation peut expliquer l'extrême développement, chez la femme, des facultés affectives, de la coquetterie et du sentiment maternel.
La grosseur et la mollesse relative de ses nerfs témoignent de sa sensibilité supérieure et sont une excuse à son irritabilité vraiment outrée quelquefois.
Le larynx de la femme étant plus étroit, sa voix est plus douce et moins forte ; ses poumons moins volumineux permettent moins d'ampleur à sa respiration ; son cœur, plus petit, bat moins énergiquement, sinon avec moins de fréquence, et n'envoie aux tissus qu'un sang plus fluide, trop souvent appauvri par la chlorose ou par une mauvaise menstruation.
Peu développés, les muscles sont faibles et pâles, incapables d'aucun travail fatigant, d'aucun pénible effort. La charpente osseuse, elle-même, est beaucoup moins grossière ; les os, en particulier, sont moins anguleux et moins résistants.
Blanche, fine et douce, la peau de la femme est doublée, d'ailleurs, partout où pourrait se montrer une saillie osseuse, d'une épaisse couche de graisse qui donne au corps tout entier des formes arrondies, de gracieux contours. Une chevelure longue, abondante, épaisse, ruisselle enfin sur ses épaules et couvre comme d'un voile, ou couronne comme d'un diadème, le chef-d'œuvre de la création. 



Avenue de Saint-Ouen, XVIIe ardt.


 
Moralement, la femme est, en général, moins capable que l'homme d'exécuter de grandes œuvres exigeant beaucoup de réflexion et de raisonnement ; mais son esprit n'en est que plus subtil peut-être, son jugement plus sûr.
Douée d'une exquise délicatesse, elle est péniblement impressionnée par tout ce qui choque le bon goût, les bonnes manières et les bonnes mœurs ; les propos grossiers, les infractions aux règles du savoir-vivre et de la politesse. Les moindres de nos défauts la frappent bien plus que nos meilleures qualités ; aussi, cette perfection qu'elle recherche en toutes choses, la défend-elle efficacement contre les hommages empressés que chaque jour elle reçoit, contre les tentatives amoureuses sans cesse dirigées contre sa vertu. Il est difficile de lui plaire ; mais quand elle aime, c'est avec une incomparable ardeur, et la fougue de sa passion, quand elle peut la satisfaire, n'est égalée que par la violence de son désespoir ou de sa jalousie, quand elle est trompée.
Mais ne nous attardons pas à ce parallèle entre deux créatures qui, réunies par l'amour, ne forment plus qu'un seul être jouissant d'un pouvoir supérieur à tout autre au monde, le pouvoir créateur. 

La Vie normale et la santé. Traité complet de la structure du corps humain, des fonctions et du rôle des organes à tous les âges de la vie, avec l'étude raisonnée des instincts et des passions de l'homme, et l'exposition des moyens naturels de prolonger l'existence en assurant la conservation de la santé, par le Dr J. Rengade. circa 1880


Mascaron. Fin du XIXe s. 21, rue Carpeaux, XVIIIe ardt.



8 commentaires:

  1. la cariatide de Durenne n'est pas en bronze : c'est de la fonte; mais ce sont des unicum : on n'en connaît pas d'autres et elles ne sont pas dans les catalogues. Le mystère reste entier pour ces deux statues exceptionnelles.

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  2. Merci de l'information. Et bravo pour votre site et toutes les informations qu'il offre

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  3. Etes vous sûr de l'adresse du dernier mascaron de votre article ? Car quand on tape le 21, rue Joseph de Maistre sur google map c'est un immeuble moderne qui apparait. Je recherche l'adresse exacte car j'ai ce mascaron sur une photo de famille et j'aimerai trouvé le lieu précis.
    Merci pour votre article dans tous les cas

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  4. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  5. la photo en question :

    http://img4.hostingpics.net/pics/882819papeterie.jpg

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    1. Bonjour Nouche,
      L'adresse exacte de ce mascaron est le 21 rue Carpeaux, XVIIIe arrondissement.
      Merci de votre lecture attentive qui nous a permis cette correction.
      Musard & Fantelin

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  6. Bonjour Nouche,
    Votre question quant à l'adresse exacte de ce mascaron a bien été lue, mais mon collègue Musard qui est l'auteur de ce billet et a pris la photo, est absent pour quelques jours. Lui seul pourra vous répondre à son retour.

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